Abdelaziz Rahabi sur la libération des otages : « Il faut que les responsabilités soient clarifiées »

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Ancien ambassadeur d’Algérie en Espagne et ancien porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Rahabi revient sur la libération des deux diplomates algériens qui étaient retenus en otage au Mali depuis avril 2012.

Quelle est votre appréciation de l’action de la diplomatie algérienne sur le dossier de la prise d’otage de nos diplomates à Gao ?

Je tire de cet heureux dénouement quelques conclusions. La première est qu’on doit s’interroger sur qui est derrière ce Mujao ? Un groupe (terroriste) dont la seule et unique cible est l’Algérie. Un groupe qui a pour mission de la frapper et de l’affaiblir. Et qui pourrait avoir des accointances avec des puissances étrangères. D’ailleurs, ses faits d’armes sont connus : prise en otage de deux Espagnols à Tindouf, ses attaques contre la gendarmerie à Ouargla et Tamanrasset et la prise d’otage de nos diplomates à Gao.

Deuxième conclusion est qu’il est temps, aujourd’hui, de poser des questions sur les graves négligences et manquements inacceptables qui ont rendu possible l’enlèvement de nos diplomates. S’ils ont été pris en otage, c’est qu’il y a eu une erreur d’évaluation et d’appréciation de la menace. Il faut que les responsabilités soient clarifiées. Et il faut sanctionner les responsables pour éviter que cela ne se répète.

Comment cette libération a-t-elle pu se concrétiser ?

D’abord, je pense que l’attitude du gouvernement sur ce dossier a été conforme à son discours. Ensuite, j’estime que cette libération n’a été possible que parce que l’Algérie est revenue avec force dans la région. On sait que pour négocier une prise d’otages, il faut connaître les auteurs, ceux qui les connaissent ou avoir un moyen de pression sur eux. Quand l’Algérie reprend sa place et renforce sa présence auprès de toutes les factions impliquées dans la crise malienne, cela donne une chance supplémentaire pour libérer un otage. C’est-à-dire que quand vous avez des contacts avec toutes les parties dans un pays et dans la région, cela vous donne une capacité de peser sur ce qui se passe à l’intérieur. C’est un retour tardif sur la scène. Car en quatorze ans de gouvernance, Bouteflika n’a pas mis les pieds au Sahel. L’actuel ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a réactivé les réseaux de l’Algérie dans la région et la diplomatie bilatérale qui est le fondement des relations internationales. En fait, il a donné du contenu à un slogan. Pendant huit ans, son prédécesseur n’a pas fait une seule visite au Sahel dans un cadre bilatéral.

Est-ce que cette libération peut être considérée comme étant une victoire pour la diplomatie algérienne ?

Je pense qu’il faut considérer cette libération comme une victoire pour l’Algérie et pas seulement pour la diplomatie algérienne. Cette libération est aussi et surtout une victoire pour tous ceux qui refusent de payer des rançons et de céder au chantage des terroristes. Les Occidentaux ont cédé et ce sont eux qui ont donné cette capacité de nuisance aux terroristes dans le Sahel. C’est parce que les occidentaux ont payé les rançons que nos diplomates ont été enlevés. Il faut définir les responsabilités. Il ne faut jamais céder au chantage des terroristes. Si l’Algérie avait cédé, il y aurait eu d’autres diplomates enlevés. Il  y aurait eu d’autres Algériens pris en otage.


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