Algérie, sécurité routière : les autorités sont-elles assez sévères ?

Securite

Alors que les accidents de la route sont toujours aussi nombreux en Algérie, la question de la répression des chauffards se pose. Les automobilistes ont-ils vraiment peur du gendarme aujourd’hui ? Éléments de réponse.

L’été est toujours plus meurtrier sur les routes algériennes. Au mois de juillet 2014, les accidents de la circulation se sont élevés à 1383 en zone urbaine, selon les chiffres de la police. Au total, on dénombre 76 personnes tuées et 1680 blessées. Le nombre de blessés est certes en baisse par rapport à la même période l’an dernier (-10%) mais celui des  morts est en hausse (+4%).

Chaque jour, au moins, un accident mortel est enregistré sur les routes algériennes. La question de la politique en matière de prévention routière se pose avec insistance, puisque 97% des accidents constatés en juillet ont été provoqués par une défaillance humaine, contre 1,3% pour l’état des véhicules et 1% pour l’état des routes.

Les textes de loi sont pourtant nombreux et sévères en la matière. Entrée en vigueur en 2009, la réforme de la sécurité routière a été très décriée pour son aspect répressif. Amendes de 2 000 à 6 000 dinars pour tout délit mineur (téléphone au volant, excès de vitesse…) et des peines de prison allant de 2 à 10 ans pour les homicides involontaires ayant été provoqués par une infraction. Le retrait de permis peut également avoir lieu lors de ces infractions.

Mais dans les faits, il est difficile d’appliquer correctement la loi. D’abord, en ce qui concerne le retrait des permis. Les policiers ne l’appliquent pas beaucoup et pour ceux qui en sont victimes, la parade est facile à trouver. « Beaucoup de personnes font des déclarations de perte pour obtenir deux permis. Comme ça, dès qu’on leur en retire un, ils peuvent conduire avec l’autre », déplore Youcef Chaouch, président de l’Association de prévention routière Tarik Essalama.

Autre problème, la clémence des policiers peut parfois passer pour du laxisme. Youcef Chaouch désespère de ce qu’il voit tous les jours. « Que voulez-vous faire lorsqu’un motard sans casque passe devant les policiers et que personne ne fait rien ? À Béjaïa par exemple, aucun panneau de signalisation n’est respecté. Et personne ne dit rien.»

Chef du bureau de la sécurité des Transports, le commissaire Rachid Ghezli se défend. « C’est le droit d’appréciation des policiers. Lorsqu’il arrête un véhicule, le policier a toute latitude pour discuter avec le chauffeur et voir si la sanction est appropriée. Mais cela ne peut engager que lui et sa conscience. »

Cette appréciation laissée au policier donne souvent un sentiment d’impunité à certains. Surtout à une époque où la pratique de la corruption, à petite échelle, permet d’échapper à un retrait de permis ou à une grosse amende.

Mais que faire alors pour endiguer l’hécatombe sur les routes ? Parmi les pistes évoquées par Youcef Chaouch, la mise en place de véhicules de police banalisés et de radars fixes et mobiles. Le but est que le chauffard « s’attend à voir un policier n’importe où ». Et qu’il surveille sa conduite en toutes circonstances.


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