Fermeture du bureau de Numidia News TV : des militants et des hommes d’affaires soulagés

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La chaîne de télévision privée de droit suisse Numidia News ferme son bureau à Alger. Mauvaise nouvelle pour la liberté d’expression ? Pas vraiment. En fait, jamais la fermeture d’un média n’aura autant soulagé des hommes d’affaires, des militants et autres citoyens. « C’est déjà une bataille qui est gagnée ! », se réjouit Pr Mohamed Saleh Bouraoui.

Père de la leader du mouvement Barakat, Amira Bouraoui, Mohamed Saleh Bouraoui a été gravement diffamé par Numidia News. Pendant la campagne élétcorale, la chaîne a diffusé des reportages et des sujets mettant en cause des opposants au quatrième mandat du président Bouteflika.

« Je ne partage pas tellement les points de vue de ma fille qui est majeure, mariée, médecin et qui est citoyenne. Pourquoi me prendre à partie? », s’interroge notre interlocuteur avant de poursuivre : « Cette chaîne qui avait indiqué que j’ai été radié de l’armée pour corruption et qu’avec cet argent j’avais acheté une clinique pour ma fille où elle pratiquait des avortements ». Pr Bouraoui s’est plaint contre cette chaîne auprès d’une ONG des droits de l’Homme à Genève.

« J’aurais aimé que ça s’arrête en Algérie, car je n’aime pas que les problèmes algériens soient traités à l’étranger. Mais je ne crois pas à la justice algérienne parce qu’il n’y a pas de séparation entre les pouvoirs », explique ce militaire à la retraite qui se désole de l’absence de réaction de l’institution pour qui il a « servie pendant 35 ans » et de l’ordre de médecins.

« On n’est jamais soulagé avant d’obtenir justice », nuance Amira Bouraoui. « Ils ont accusé mon père de vol et alors qu’il est parti à la retraite (de l’armée) avec la médaille de mérite. Ils ont dit que j’avais une clinique où je pratiquais des avortements alors que je travaille dans un hôpital public », dénonce-t-elle. Des membres du mouvement Barakat prévoient ainsi le dépôt d’une plainte en Suisse contre cette chaîne établie juridiquement à Genève depuis 2013 et exerçant en Algérie sans autorisation.

« Une quinzaine de membres de Barakat ont été diffamés de manière virulente dans le sillage des attaque contre les opposants de Bouteflika », selon notre interlocutrice. « Nous avons contacté une organisation des droits de l’Homme à ce sujet car en l’absence d’accord entre l’Algérie et la Suisse, les avocats algériens ne peuvent pas plaider là-bas », explique Me Abdelghani Badi, membre de Barakat.

« Il faut que le ministère et l’État interviennent et mettent de l’ordre. Ce sont des chaînes qui n’ont ni foi, ni loi. Ils détruisent des familles », lance pour sa part un homme d’affaires qui a requis l’anonymat. Lui a été accusé d’escroquerie et de détournement d’argent. « Je n’étais pas le seul à avoir fait l’objet d’attaques. Les plaintes n’aboutissent pas. Et il faut aller à l’étranger (Suisse, NDLR) pour les poursuivre en justice », estime la même source.

Dans un reportage diffusé en juin par une télévision suisse, un député réclamait une enquête sur les activités de la chaîne. « Le conseil d’État doit être attentif quand une entreprise s’implante à Genève, qu’elle respecte le principe de neutralité et qu’elle évite la violence », avait déclaré Roger Deneys.


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