Face à face entre un Mozabite et un Arabe sur la situation à Ghardaïa

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Khodir Babaz est membre de la Cellule de coordination et de suivi des événements de Ghardaïa, constituée par la communauté mozabite. Bouamer Bouhafs est un notable arabe malékite de Ghardaïa et président de la fondation des Chaâmbas.

Quel bilan faites-vous des manifestations organisées aujourd’hui contre l’insécurité à Ghardaïa ?

Khodir Babaz : Des Mozabites se sont rassemblés à Ghardaïa, Alger et à Annaba pour dénoncer l’assassinat du jeune Yassaa avec des pierres et la façon avec laquelle les autorités sécuritaires ont traité cette affaire en offrant une couverture aux criminels. Des milliers de personnes ont répondu à l’appel à Ghardaïa. Des représentants de la société civile, dont des membres de la Cellule de coordination et de suivi des événements dans la wilaya, ont rencontré le wali. Une plateforme de revendications lui a été transmise. Ils ont dénoncé la situation actuelle où les citoyens mozabites sont ciblés.

Bouamer Bouhafs : Pour le décès du jeune mozabite, nous considérons que c’est un alibi pour faire sortir les gens dans la rue. Selon les médias, les services de sécurité et le médecin légiste ont fait état d’une mort causée par un accident de la circulation. Ainsi, les Malékites demandent aux services habilités de l’État de rendre publique la vérité sur les circonstances de la mort du jeune en question. L’ambigüité autour de cette affaire a fait que certaines parties, surtout ibadites, exploitent l’affaire à d’autres fins, ce que nous dénonçons.

Justement, quelle est la situation actuellement à Ghardaïa ?

K. B. : Aucun affrontement n’est à signaler pour le moment mais nous vivons dans un climat de tension. Aujourd’hui, on marche à Ghardaïa comme on marchait durant la période du terrorisme où les gens avaient peur de passer par certaines rues par exemple. Des parties tentent de faire revenir la violence à Ghardaïa. Quelques officiers de la police et de la gendarmerie octroient une couverture aux criminels. On ne comprend pas pourquoi et c’est pour cela que nous demandons une commission d’enquête nationale constituée de personnalités nationales et indépendantes.

B.B. : La situation est calme. En fait, à Ghardaïa, il y a certains endroits qui ne sont pas sécurisés, où il y a des jets de pierres de part et d’autres. Des actes individuels de Mozabites et de Malékites. Mais on ne peut pas dire que l’ensemble des quartiers de Ghardaïa ne sont pas sécurisés. Les institutions de l’État fonctionnent normalement.

Quelle sera votre prochaine action ?

K.B. : Le wali nous a écoutés en indiquant qu’il transmettra nos doléances au président de la République. Nous allons donc attendre la réaction des autorités. Un grand rassemblement pourrait être organisé dans la capitale s’il n’y a pas de réponse ou si nous enregistrons une évolution négative de la situation.

B.B. : C’est décevant d’entendre parler les gens de cette manière dans une République. Si on croit aux institutions de l’État, je pense qu’il faut les laisser faire leur travail. Manifester, c’est verser de l’huile sur le feu.


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