Un autre football est possible

kader

Pour tous ceux qui aiment le football mais, comme moi, n’y connaissent rien, je suis inconsolable de l’élimination du Chili hier soir face au Brésil. Il y a des défaites plus grandes, que des victoires. Généreux, déterminés, collectifs, et rusés, les Chiliens n’ont jamais cédé à la facilité. Le Brésil a été terne et sans création. L’esthétique, et l’émotion face au calcul et au réalisme.

Limite cynique

Ce qui menace le football, c’est l’hyperréalisme, comme dans notre vie quotidienne. Ceux qui font le football, ne sont pas ceux qui y jouent. Comme dans la vie. Les enjeux financiers sont colossaux. Les sponsors pèsent d’un poids trop important sur les fédérations nationales, les instances du football international et même sur les gouvernements. On vient d’en avoir une illustration avec l’exclusion de l’Uruguayen Suarez de la Coupe du monde. Aussitôt son équipementier a fait savoir, « qu’il ne peut cautionner un comportement aussi éloigné de ses valeurs ». Comme chacun sait, les grandes marques de sport ne fabriquent pas leurs produits au Bengladesh ou en Inde, au Vietnam ou en Chine, dans des conditions de travail, et de salaire souvent épinglés par les ONG de droits de l’Homme. J’ai beau savoir que l’époque est au cynisme. Je ne peux me résigner à l’accepter. Le plaisir ne se monnaye pas. Il se partage avec des personnes qui veulent leurs 90 minutes de bonheur. Les joueurs de  la seleçao ont fait peur à la FIFA et au gouvernement de Dilma Roussef, qui se frottent déjà les mains : le premier pour les recettes qu’il va engranger, et la présidente brésilienne pour la paix sociale qu’apportent les partenaires de Neymar tant qu’ils sont dans la compétition.

Je n’aime pas…

Je dois bien admettre que plus la compétition avance, plus je me sens loin du football qui est pratiqué en ce début de décennie du 21e siècle. Par une étrange ironie, dont l’histoire a le secret, nous retiendrons que c’est le Brésil qui a planté le dernier clou dans le cercueil du football samba. Je n’aime pas Neymar trop jeune et trop individualiste. Je n’aime pas Hulk trop déménageur, pas assez « Brasil ». Je n’aime pas Fred trop inutile. Tous trop stars, trop tapageurs, pas assez… Brésiliens. Je sens confusément que ce Mondial 2014 restera dans l’Histoire, pour de mauvaises raisons. Nous ne reverrons plus nos idoles sur les terrains : Pirlo, Buffon, Branegas, Gerrard, ou Drogba. Je ne sais pas comment épeler le football qui vient. Mais je sais de quoi il est fait ! En 2001, des milliers de personnes se sont retrouvées à Porto Alegre, au Brésil, pour tenter de construire une alternative sociale au Forum économique de Davos. Le slogan qu’ils ont inventé est porteur d’espoir : « Un autre monde est possible ». Soyons optimiste, le football aussi peut inventer un autre possible.


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