FLN : comment Belkhadem a tenté de passer en force

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Près d’un an et demi après son éviction de la direction du FLN, Abdelaziz Belkhadem continue de rêver d’un retour à la tête de l’ancien parti unique. Discret jusqu’à l’élection présidentielle du 17 avril dernier, il passe à l’offensive dès le mois de mai, soutenu par le groupe d’Abderrahmane Belayat et discrètement appuyé par le général Mohamed Mediene, dit Toufik. Le chef du DRS rêve en effet de voir Amar Saâdani débarqué du secrétariat général du FLN. Il ne lui pardonne toujours pas son interview sur TSA.

Pour mettre en place cette stratégie de reconquête du FLN, les opposants à Saâdani changent de méthode. Ils ne demandent plus la tenue d’un Comité central extraordinaire. Les nombreuses tentatives dans ce sens par le passé se sont soldées par un échec. Ils veulent mettre à profit le Comité central ordinaire du 24 juin pour destituer Amar Saâdani.

Belayat et ses partisans décident de prendre part à cette réunion. Le 16 juin, il déclare à Liberté qu’il ira à la réunion du Comité central, expliquant que la commission de discipline ne s’était pas prononcée sur son cas et celui de ses partisans.

Mais il conteste l’ordre du jour de la réunion, communiqué par la direction du FLN. « Belayat se prépare à y participer activement, déclarant vouloir imposer un seul point à son ordre du jour : l’élection du secrétaire général du FLN », écrit Liberté.

En fait, l’idée lui a été soufflée par Abdelaziz Belkhadem. Le 31 janvier 2013, l’ancien secrétaire général du FLN avait été évincé de justesse lors d’un vote du Comité central. Il sait qu’il garde encore des partisans au sein du parti et espère qu’un nouveau vote le ferait revenir aux commandes. Mais la direction du FLN refuse d’inscrire l’élection d’un nouveau secrétaire général à l’ordre du jour de la réunion du 24 juin. Amar Saâdani tient bon et refuse de céder sur ce point.

Mais Abdelaziz Belkhadem n’est pas seulement l’ex-secrétaire général du FLN. Il est également ministre d’État. À ce titre, il lui arrive de voir le Président. Il y a une dizaine de jours, il profite d’une réunion à la présidence consacrée à la révision de la Constitution. Autour du président Bouteflika, ils sont quatre : Abdelmalek Sellal, Ahmed Ouyahia, Abdelaziz Belkhadem et le général Toufik.

À la fin de la réunion, Abdelaziz Belkhadem aborde le sujet du FLN. Il s’adresse à Abdelaziz Bouteflika, en sa qualité de président du FLN, pour lui demander d’appuyer sa demande d’inscription de l’élection d’un nouveau secrétaire général à l’ordre du jour de la réunion du 24 juin. Silence du président. Belkhadem exhibe alors un classeur. À l’intérieur : plusieurs dizaines de demandes adressées à Abderrahmane Belayat demandant la tenue d’un Comité central pour élire un nouveau secrétaire général. Le Président jette un œil aux documents mais ne fait aucun commentaire. En fait, les documents en question ont été signés en 2013, après l’éviction de Belkhadem.

Quelques jours plus tard, le ministre d’État fournit alors une explication étonnante au Président : « C’est Belayat qui m’a donné ces documents et je n’ai pas vérifié ». Abdelaziz Bouteflika demande alors à Amar Saâdani de maintenir la réunion du 24 juin, avec le même ordre du jour, qui ne prévoit pas d’élection d’un nouveau secrétaire général.

 


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