Agressions sexuelles contre les mineurs : des chiffres et des cas terrifiants

agression

Les agressions sexuelles contre les mineurs prennent de l’ampleur. Durant les quatre premiers mois de l’année en cours, 622 affaires d’agression sexuelle enregistrées sur tout le territoire national, selon des chiffres obtenus par TSA auprès de la police. Les filles et les garçons sont touchés : 361 affaires concernent, en effet, des jeunes filles et 261 des garçons.

La capitale arrive en tête des wilayas où sévissent les agresseurs sexuels. « Alger a toujours été la ville où l’on dénombrait le plus de criminalité de façon générale. Elle est généralement suivie d’Oran », explique Messaoudène Kheira, commissaire divisionnaire à la Direction de la police judiciaire, également chef de bureau de la protection de l’enfance.

Pour l’année 2013, c’est Relizane qui devance Oran au nombre d’agressions sexuelles. La wilaya où l’on dénombre le moins d’agressions sexuelles est Illizi avec 5 affaires, selon la police. « Cela ne signifie pas qu’il y a moins d’agressions sexuelles à Illizi.  On ne peut pas dire, non plus, qu’il y a plus d’agressions sexuelles alors même que le chiffre est en hausse. Il reste toujours un chiffre noir d’affaires pour lesquelles il n’y a pas de dépôts de plaintes. Et puis, les gens sont davantage sensibilisés, la hausse du nombre d’affaires peut alors s’expliquer par le fait que davantage de personnes osent porter l’affaire en justice », indique la commissaire.

Les méthodes changent, l’âge des agresseurs aussi

En 2013, 1 818 enfants ont été victimes d’agressions sexuelles. Parmi elles, il a été dénombré 172 cas de viols et 17 cas d’inceste (dont 15 filles et 2 garçons). Mais surtout, 19 enfants ont été agressés et filmés ou photographiés. « On  a l’impression que les agresseurs sont toujours à la recherche de choses encore plus affreuses. Et les médias ont leur part de responsabilité. Certains articles donnent des détails sordides sur les agressions, on s’est aperçu que ça donnait des idées à d’autres agresseurs », explique la commissaire.

La faculté de pister les agresseurs n’est pas toujours aisée, selon Mme Messaoudène, quand des victimes se taisent, c’est leur comportement qui donne l’alerte. Une enfant avait ainsi tenté de mettre fin à ses jours, raconte la commissaire. La police judiciaire avait pu relever  qu’elle avait eu un rapport sexuel consentant mais le partenaire avait filmé et diffusé les images du rapport autour de lui. Internet, les réseaux sociaux, les Smartphones peuvent devenir des armes entre les mains des agresseurs. Enfin, l’âge des agresseurs tend à diminuer. Et le milieu dans lequel est éduqué l’enfant peut influer sur son agressivité. Mme Messaoudène se souvient de ce garçon de 9 ans qui avait violé une petite voisine de 4 ans à Mostaganem.

Pas de modus operandi, ni de profil de l’agresseur

« Nous n’avons pas atteint le nombre ou le type de crimes sur enfant qui existent à l’étranger », relativise la commissaire. Par exemple, il n’existe pas de réseaux pédophiles au sens strict du terme en Algérie. Ni de criminels en série.  Et la police refuse à donner des profils d’agresseurs, car il n’y en a pas. « Ils peuvent être père de famille, ou célibataire, chômeur ou employé, diplômé ou sans instruction », précise la commissaire divisionnaire. « Je me souviens d’un jeune homme qui est tombé en panne et qui a demandé à des enfants de l’aider, les gens de la localité à Laghouat l’ont lynché parce qu’ils ont cru qu’il voulait agresser des enfants », raconte Mme Messaoudène.

Par ailleurs, l’agresseur ne se prépare pas toujours à commettre un forfait. « C’est très souvent une affaire d’opportunité, de lieu et de temps », explique la commissaire. L’agresseur a vu une potentielle victime sans qu’il l’ait cherchée. Ce qui induit que nul enfant n’est à l’abri et ce, à tout moment. D’ailleurs à la veille du mois de ramadan, la commissaire divisionnaire Messaoudène rappelle que le mois de jeûne ne freine pas non plus les agresseurs. « Depuis le temps que je suis en service, j’ai toujours commencé le premier jour du mois de ramadan avec une affaire d’agression sexuelle », déplore-t-elle.


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