Enfants maltraités en Algérie : ces chiffres qui font peur

Abderrahmane-Arrar

Arrar Abderrrahmane est président du réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant (NADA). À l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance (1er juin), il revient sur le nombre de cas d’enfants maltraités en Algérie.

Combien de cas de maltraitance d’enfants ont-ils été enregistrés cette année en Algérie?

Le numéro vert (30 33), mis en place par NADA en guise de mécanisme d’alerte et de suivi de la situation de l’enfant en Algérie, a enregistré 16 115 appels en l’espace d’une année. Les cas de maltraitance et d’exploitation économique d’enfants s’élèvent à 4 787. Les cas de victimes de conflits familiaux (divorce, garde de l’enfant, pension alimentaire, kafala…), s’élèvent à 2 465. Nous avons, également, enregistré 913 cas d’agressions sexuelles (attouchements sur mineurs, viols, incestes), 183 cas d’enfants en danger moral, 1 193 cas d’enfants victimes de violence en milieu scolaire et enfin 645 cas d’enfants impliqués dans la prostitution. Il y a également le cas des enfants non inscrits en état civil.

Ces chiffres reflètent-ils la réalité ?

Cela représente une partie de la réalité, car il y a des gens qui ne dénoncent pas et ne signalent pas des cas d’abus. Il faut dire qu’il y a un manque terrible dans la circulation de l’information et une ignorance chez le citoyen et la famille par rapport à cette culture de signalement. Il y a un travail à faire sur la société par rapport à cet aspect. Ce sont là des chiffres indicateurs pour mesurer la situation des droits de l’enfant en Algérie, mais le plus important c’est l’impact de ces chiffres dans notre société. Malheureusement, l’impact est très négatif. Il crée le doute au sein de la famille et un manque de confiance dans l’espace publique. Les enfants ne se sentent pas en sécurité et les parents deviennent, de plus en plus, inquiets.

Quels sont les genres de maltraitance les plus fréquents ?

Cela passe du châtiment corporel, à l’agression sexuelle, danger moral, entre autres. Les cas les plus terribles que nous avons reçus sont des parents qui décident de se débarrasser de leur responsabilité vis-à-vis de leurs enfants devant la justice. Il s’agissait d’une maman qui a décidé d’abandonner son enfant, en faisant une requête devant le procureur.

Quelles sont les causes qui poussent les parents ou d’autres personnes à maltraiter un enfant ?

Ce sont généralement des  conflits, le manque d’espoir et de solution par rapport à une situation de détresse. Il faut comprendre que certains parents portent un lourd fardeau, notamment les mères célibataires et divorcées. Dans plusieurs cas, l’enfant devient le souffre-douleur des adultes.

Quelles sont les actions que vous entreprenez pour faire baisser le nombre de violences ?

La première des choses est de vulgariser au maximum ce concept de droit dans la société. Ensuite, faciliter l’accès de toutes les victimes à leurs droits surtout en matière de justice et de protection sociale. Nous  organisons aussi, périodiquement, des campagnes de sensibilisation, d’information et de débat sur différents sujets qui intéressent la famille. Il est nécessaire également d’aller vers des solutions politiques en matière de lois et de programmes de développement afin d’améliorer les droits des enfants en Algérie.


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