Les mauvaises réponses de Sellal aux problèmes de l’Algérie

sellal 2

Abdelmalek Sellal a présenté, ce dimanche 1er juin, le plan d’action de son gouvernement devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN). Parmi les dossiers défendus par le Premier ministre, la décision controversée d’exploiter le gaz de schiste. « L’exploitation du gaz de schiste est irréversible », a-t-il dit. Avant d’apporter une explication : « D’ici 2030, l’Algérie ne sera plus en mesure d’exporter les hydrocarbures, sinon en petites quantités seulement (…) D’ici  2030, nos réserves couvriront nos besoins internes seulement. Comment peut-on subvenir alors aux besoins de nos  enfants et de nos petits-enfants ? », a-t-il martelé.

Abdelamalek Sellal ne le dit pas clairement, mais il le sous-entend : en 2030, l’économie algérienne sera toujours très dépendante des hydrocarbures qui représentent aujourd’hui 98% de nos exportations. Certes, le Premier ministre n’a pas tort. On peut même lui reconnaître un certain courage politique : pour une fois, un haut responsable ne fait pas de promesses surréalistes aux Algériens concernant leur avenir. En 2030, comme en 2014, l’Algérie devrait rester un pays rentier, dépendant uniquement des hydrocarbures. Une chose va changer : dans 15 ans, nous serons plus nombreux et nos besoins deviendront plus importants. Nos réserves de pétrole et de gaz conventionnels ne sont plus suffisantes. L’exploitation du gaz de schiste deviendra alors inéluctable.

Mais si on ne peut pas reprocher à M. Sellal de dire une certaine vérité aux Algériens, on peut en revanche regretter que lui et son gouvernement manquent cruellement de vision et d’ambition. D’abord, il est difficile d’affirmer aujourd’hui que le gaz de schiste serait en mesure de remplacer le pétrole comme produit d’exportation. Ce dimanche, alors que Sellal s’exprimait à l’APN, la presse européenne faisait état de la découverte d’un méga-gisement de gaz de schiste en Angleterre. « La Pologne, la France voire l’Allemagne et le Royaume-Uni disposent vraisemblablement d’importantes ressources », explique un expert français au site atlantico.fr. Or, ces pays figurent parmi nos principaux clients énergétiques actuellement. S’ils décident d’exploiter leurs propres réserves en schiste, à qui allons-nous vendre notre production à partir de 2030 ?

Ensuite, l’Algérie dispose certes d’importantes réserves en gaz de schiste. Mais il faudra attendre les premiers forages pour savoir si ces réserves sont exploitables. Et si oui, à quel coût ? Ces deux derniers éléments seront déterminants. Pour pouvoir exporter son schiste, l’Algérie devra extraire d’importantes quantités à des coûts réduits. Aujourd’hui, il est difficile de dire si ces deux conditions seront réunies.

Au lieu de spéculer et de jouer l’avenir de l’Algérie sur le gaz de schiste, le gouvernement Sellal devrait revenir à des fondamentaux plus solides. À commencer par encourager l’investissement et mettre fin aux blocages et aux obstacles régulièrement dénoncés par les investisseurs algériens et étrangers. Le gouvernement pourrait ensuite se poser et réfléchir à un plan de développement du pays autour de l’industrie et du numérique, par exemple. Des recettes qui ont été testées avec succès dans plusieurs pays. Pourquoi l’Algérie ferait-elle exception à la règle ?


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici