Human Rights Watch épingle l’Algérie sur les droits des travailleurs

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Human Rights Watch (HRW) épingle l’Algérie dans son dernier rapport, publié ce mardi 27 mai. Dans sa ligne de mire : les droits des travailleurs « bafoués » par les restrictions à la création de syndicats indépendants. « L’Algérie restreint de manière arbitraire les droits des travailleurs », estime l’organisation, exemples à l’appui.

L’ONG déplore également les sanctions contre « les manifestants et les grévistes pacifiques, via notamment des suspensions ou des licenciements dans les services publics en guise de représailles ». Sans oublier « les arrestations de militants syndicaux ».

Human Rights Watch est d’autant plus critique car l’Algérie fait partie des États signataires de la Convention 87 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la liberté syndicale, et de la Convention 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective. « L’OIT devrait saisir cette opportunité pour rappeler à l’Algérie que le respect des droits du travail implique de laisser les travailleurs former des syndicats et mener des activités syndicales sans ingérence du gouvernement », explique Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique de HRW.

Dans la pratique, les autorités algériennes ont recours à plusieurs subterfuges pour empêcher la création de syndicats réputés non proches de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), « largement considérée comme proche du pouvoir » selon HRW. Principalement, en empêchant la délivrance d’un récépissé d’enregistrement, condition indispensable pour lancer son syndicat.

La demande n’est pourtant qu’une formalité en principe, non soumise à l’autorisation des autorités. Mais les moyens de blocage sont nombreux. Notamment celui de réclamer la modification des statuts. Ou de conditionner cette délivrance à la présentation de documents que la loi ne demande pas en pratique. Ce qui retarde de fait la possibilité d’obtenir le précieux sésame.

Le handicap devient alors très lourd. Il est impossible, par exemple, de collecter des droits d’adhésion. « Une source majeure de revenus qui permet de louer des bureaux et d’organiser des événements. Le syndicat ne pourra pas, non plus, ouvrir de comptes bancaires ou entamer des actions en justice », explique HRW. L’ONG donne l’exemple du Syndicat des enseignants du supérieur solidaires. Après avoir déposé un dossier le 19 janvier 2012, le fameux récépissé n’a toujours pas été délivré.

OIT devrait clairement appeler l’Algérie à cesser ces pratiques lors de sa prochaine séance du 28 mai à Genève.


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