Entretien avec Réda Hamiani : « Je ferai en sorte que le FCE ne soit plus otage d’un alignement politique quelconque »

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Le président Abdelaziz Bouteflika a été réélu avec 81,53% des suffrages exprimés. Un commentaire ?

Nous sommes des observateurs de la scène et nous faisons confiance à nos autorités. Les résultats ont été obtenus à travers des élections transparentes d’après ce qu’ont dit les autorités. Nous les acceptons. Je n’ai pas de commentaire particulier à faire sur ce sujet. Je suis le président d’une organisation patronale et non d’un parti politique.

Mais votre organisation s’était exprimée sur l’élection en prenant position pour le candidat Bouteflika…

Le FCE est une organisation patronale qui a en son sein une multitude d’appartenances politiques. Il ne faut pas se tromper sur ce que vous appelez prise de position. Le Forum en tant qu’entité a organisé une consultation qui a donné un résultat tout à fait transparent. L’assemblée générale a décidé d’apporter son soutien (au président Bouteflika). Ce qui nous importe maintenant, c’est que les conditions de stabilité soient réunies comme elles l’étaient.

Y a-t-il eu des pressions sur le FCE pour organiser des consultations et prendre position par rapport à la présidentielle ?

Non ! Il n’y a eu aucune pression exercée sur le FCE. Vous vous méprenez sur la réalité du secteur privé qui est par définition indépendant. Les chefs d’entreprises n’ont pas à subir de pression.

Cette prise de position a suscité des tensions et provoqué des démissions…

On a avancé le chiffre de 40 démissions. Je vous informe qu’il n’y a eu qu’une une seule démission. L’organisation a su garder sa stabilité et la solidarité entre ses membres. Je ne peux pas prendre seul la décision, mais je ferai en sorte que le FCE ne soit plus otage d’un alignement politique quelconque. En tant qu’association patronale, nous n’avons pas à nous positionner par rapport à une consultation électorale quelle qu’en soit la nature et quel que soit le candidat. Il y a un consensus là-dessus. Nous allons attendre un peu et nous entérinerons définitivement ce principe lors d’une AG. Nous ne sommes pas à l’aise dans ce genre de questions.

Donc le FCE ne se prononcera plus sur les questions d’ordre politique notamment sur les élections ?

La décision ne m’appartient pas. Elle fera l’objet d’une discussion lors d’une assemblée générale qui sera organisée au moment opportun pour consacrer ce principe. Mais je pense que ce principe est très largement accepté au sein de notre association.

Le FCE a soutenu le président Bouteflika en 2004, en 2009 et en 2014. Quelles sont les raisons à l’origine de votre décision de ne plus prendre position par rapport à ce genre de questions ?

Je tiens à rectifier une chose. Rien n’interdit au FCE de prendre position dans le domaine politique. Nous n’avons pas vocation à nous exprimer dans le domaine politique, mais la loi ne nous interdit pas d’émettre un avis par rapport à des situations ou à des conjonctures qui nous interpelleraient et qui nécessiteraient une prise de position. Cependant, le FCE est parcouru par une multitude d’influences et de sensibilités.

La dernière prise de position en faveur du président Bouteflika a-t-elle donc mis à mal cette cohésion ?

Absolument pas. Puisque le FCE se retrouve dans la même situation qui prévalait auparavant avec une seule démission enregistrée. Une démission qui était un non-événement. Sauf qu’elle a été gonflée par la presse. Les équilibres internes du FCE n’ont pas été ébranlés.

Pourquoi donc avoir changé d’avis ?

Avec le temps, on apprend, on essaie de mieux fonctionner et d’éviter les sujets qui fâchent. Encore une fois, le FCE n’est pas un corps étranger à la société algérienne. Ce n’est que le reflet d’une population qui en son sein a différentes tendances. Il est faux de croire qu’il puisse adopter une position politique qui pourrait satisfaire l’ensemble de ses membres. Et puis, nous n’avons pas créé une association patronale pour essayer d’avoir une quelconque influence sur le monde politique. Ce n’est pas du tout des préoccupations politiques qui nous ont poussés à créer l’association.

Pensez-vous que les craintes des entrepreneurs vont se dissiper dans les jours à venir ?

Un bon nombre de chefs d’entreprises étaient dans une situation d’attente. Maintenant, je pense que les choses vont reprendre leur cours et qu’on va se mettre au travail dans des conditions normales pour que les activités reprennent. Les chefs d’entreprises ne sont pas spécialistes dans le domaine politique. Ce qu’ils recherchent toujours est un environnement favorable aux affaires qui peut leur permettre d’investir, d’embaucher et de travailler.

 


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