Abdelaziz Bouteflika a été élu avec 81,51% des voix. Un commentaire ?
Ce n’est pas une surprise. Nous avons prédit ce genre de résultat en faveur du candidat absent. Dès le début, nous avions dit qu’il y aura des résultats à la Ben Ali et à la Moubarek. Mais avec ce taux de participation officiel, ils ont reconnu le poids des boycotteurs. Quand on compare le taux de participation officiel de 2014 à celui de 2009, on constate une régression de 22,54% et on sait très bien que le taux de participation a été largement gonflé. Aussi, ce qui explique le fait que M. Bouteflika arrive en tête au centre (du pays), notamment en Kabylie, est le vote des corps constitués. La Kabylie, où les corps constitués sont présents en force parce que c’est une région touchée par le terrorisme, n’a pas voté. Et on sait très bien que le vote des corps constitués bénéficie essentiellement à M. Bouteflika.
Mais quelle signification donnez-vous à cette victoire du Président ?
Le système et Abdelaziz Bouteflika ont perdu dans cette élection. Nous avions déjà dit que M. Bouteflika sera désigné pour un quatrième mandat, que le taux de participation et le score seront gonflés. Mais pourquoi ils ont perdu ? Tous les animateurs de la campagne et les ministres ont perdu dans leurs villes d’origine. Et puis, on aura affaire à un chef d’État grabataire et impotent durant le début du mandat. Quand il a voté, il s’est fait accompagner dans l’isoloir par une personne. On sait que la loi algérienne portant organisation des élections préconise dans son article 45 que seuls les handicapés peuvent être accompagnés dans l’isoloir. Donc, il a donné une confirmation qu’il est handicapé et une confirmation que le Conseil constitutionnel aurait dû invalider sa candidature.
Pourquoi aussi il a perdu ? Je suis sûr que le jour où il va prêter serment, il sera incapable de lire le serment qui sera finalement lu par une tierce personne. M. Bouteflika dira qu’il est d’accord. Ce sera une autre confirmation de son incapacité à gérer le pays. Certainement qu’il va essayer durant le début du mandat d’écarter un certain nombre de responsables, de faire un remaniement mais ce n’est qu’un leurre. Il va y avoir aussi dans quelques jours le retour des conflits entre les clans du système, à l’image des conflits qu’on a connus en novembre et en décembre. La crise du FLN va revenir. Celle du RND aussi. Voilà ce qui va caractériser le début de ce mandat et c’est ce qui va justement nous aider à fragiliser encore plus le système.
La Coordination nationale pour le boycott va se réunir demain. Quel est l’ordre du jour ?
L’objet de la réunion est l’analyse des résultats officiels et des résultats réels que nous avons eus à travers nos différentes structures. Ensuite, nous avons commencé depuis quelques semaines à préparer une conférence pour le dialogue national. Il y a une plateforme qui se prépare au niveau d’une commission (technique) qui a été installée depuis quelques semaines. On va l’étudier et voir comment l’améliorer. Et puis, il y aurait éventuellement d’autres points à l’ordre du jour, notamment l’élargissement de la coordination et s’il faudra organiser rapidement des actions de rue pour continuer à mettre la pression sur le système.
