Entretien avec Abderazak Mokri, président du MSP : « les élections sont tranchées en faveur du quatrième mandat »

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Le MSP fait partie de la Coordination nationale des partis et des personnalités  pour le boycott de l’élection présidentielle du 17 avril. Dans cet entretien, son président Abderazak Mokri parle du boycott et de l’après-17 avril.

Nous sommes à une semaine de l’élection présidentielle. Quel bilan faites-vous du travail de la Coordination nationale pour le boycott ?

Le bilan est très positif ! Les partisans du quatrième mandat du président Bouteflika ne parlent que du boycott. Au point où le ministre des Affaires religieuses a fait une fatwa contre les boycotteurs. Cela démontre que le travail mené pour le boycott a donné des résultats. Outre le rassemblement des cadres des partis et des personnalités nationales constituant la coordination et le meeting à la salle Harcha, nous avons fait un travail de proximité. Nous tiendrons une conférence de presse, demain vendredi à 10 heures, pour faire une évaluation de la situation politique du pays et pour parler des travaux de la commission technique installée par la coordination pour préparer la conférence nationale pour la transition démocratique en Algérie après les élections. Nous évoquerons également les actions qui pourront être organisées avant le scrutin.

Justement, quelle évaluation faites-vous de la situation politique en Algérie ?

L’Algérie vit dans un marasme total. Une incertitude demeure même au sein du pouvoir. Personnellement, je pense que les clans au pouvoir se sont entendus sur le quatrième mandat pour une période (déterminée), mais ils n’ont pas encore résolu tous les problèmes entre eux. Le problème se posera après cette élection. On aura un président malade qui ne va pas gouverner. On sera dans l’opacité totale du moment où on ne saura pas celui qui gouvernera le pays. Comment va-t-on gouverner le pays sur le plan politique et économique ? Tous les indicateurs économiques sont inquiétants. Nous sommes toujours dépendants des hydrocarbures qui financent 70% des salaires des Algériens. Ce qui n’a pas été le cas même à l’époque de Boumédiene. Les exportations reculent de façon permanente et les importations augmentent de façon permanente aussi. Ces bâtiments et cette autoroute ont servi la corruption mais pas au développement économique.

Avez-vous des appréhensions par rapport à l’évolution de la situation en Algérie après l’élection ? 

S’il n’y a pas de véritables réformes négociées avec tout le monde pour une transition démocratique inclusive avec une Constitution démocratique, on ira droit dans le mur. Nous avons un sursis de trois ans avant de revenir à l’endettement. Donc, il est impératif que toute la classe politique se mobilise après le 17 avril pour exercer le maximum de pression sur le pouvoir en place pour l’amener à opérer de véritables réformes politiques. La coordination nationale pour le boycott prévoit une conférence nationale qui va traiter de cette question de la transition. Le front de l’opposition sera très élargi avec la déception des candidats (à la présidentielle). On dialoguera avec tout le monde y compris les autorités.

Pensez-vous que la Coordination nationale pour le boycott pourrait constituer une force politique pouvant amener le pouvoir à lancer de véritables réformes ?

On travaille pour cela. La situation est plus grave aujourd’hui dans le sens où nous n’avons plus assez de temps. La conscience des partis politiques est plus élevée. La Coordination nationale pour le boycott inclut d’ailleurs des partis politiques de toutes les sensibilités. Ce qui est nouveau.

Que pensez-vous de la campagne électorale qui prendra fin dimanche prochain ?

Quelle campagne électorale ? C’est une campagne électorale qui n’a jamais connu de semblant en Algérie ou ailleurs. C’est la campagne électorale de toutes les tensions et de toutes les dérives. Une campagne où des responsables qui n’arrivent pas à remplir les salles, des supporters du quatrième mandat qui tentent de justifier l’injustifiable et de défendre l’indéfendable. Une campagne électorale avec des discours vides, des insultes et de la violence. Les élections sont tranchées en faveur du quatrième mandat, on ne parlera pas des autres candidats.

 


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