À Aïn Salah, ville oubliée par l’État, Benflis invite les citoyens « à taper du poing sur la table »

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« Wallah maândna wallou !» (Nous n’avons rien). Ce cri de désespoir est lancé aux journalistes par un quinquagénaire venu, ce dimanche 6 avril, assister au meeting animé par Ali Benflis à Aïn Salah, dans l’extrême-Sud du pays. Lorsqu’on lui demande sa fonction, il répond : « Fonctionnaire de l’État ».

Il profite de l’occasion pour rappeler certaines réalités : à Aïn Salah, il y a une seule gynécologue et elle est Cubaine ! « Les gens du Nord n’aiment pas venir travailler ici.  Je me rappelle très bien de ces deux médecins, venus un certain mois de juillet d’une wilaya du Nord, qui avaient refusé de quitter l’aéroport exigeant de repartir sur le même vol parce qu’il faisait très chaud », raconte-t-il.  Pour l’anecdote, dans le passé, le président Bouteflika avait lui aussi annulé des déplacements à Aïn Salah à cause de la chaleur.

Aïn Salah est une ville oubliée et abandonnée par l’État. Les enfants parcourent des dizaines de kilomètres pour rejoindre l’école.  Ici, il n’y a ni hôpital, ni usine, ni infrastructure de base, ni trottoirs, ni eau potable. Les habitants boivent de l’eau saumâtre malgré la mise en service du « grand projet du siècle » de transfert d’eau d’Aïn Salah à Tamanrasset. « C’est une injustice», précise le chauffeur qui nous accompagne. Pourtant, la ville est riche en ressources naturelles.  « Pourquoi la presse n’écrit rien sur cette wilaya ?  Pourquoi le pouvoir ne veut rien faire pour nous ?  Nous avons une terre fertile, les meilleures dattes.  Mais wallou (Il n’y a rien  rien)», ajoute le chauffeur.

À Aïn Salah, on attend la date du 17 avec impatience. « Ici, les habitants Yesamaâou Lekbar (ils écoutent les sages).  Et les sages ont demandé à la population d’aller voter », répond le chauffeur de taxi.

C’est dans ce contexte, justement, que le candidat Ali Benflis a fait aujourd’hui le voyage à  Aïn Salah  pour  rencontrer les citoyens.  L’ancien chef du gouvernement et ancien ministre de la Justice reconnait que c’est son premier voyage dans cette ville. Mais il met en avant «  sa parfaite connaissance des problèmes de la région ».  Première promesse faite dans la salle de la Maison des jeunes : s’il est élu, il ferait d’Aïn Salah une wilaya.

En attendant, Ali Benflis appelle les habitants de la région à « taper du poing sur la table » pour se faire entendre. « Non, il ne faut pas accepter la hogra comme une fatalité ».


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