L’Émir du Qatar en visite à Alger pour tenter de rompre l’isolement diplomatique de Doha

tamim

L’Émir du Qatar est attendu, ce mercredi 2 avril, à Alger pour une visite officielle. C’est un symbole fort. Il y a encore deux ans, en plein Printemps arabe, c’était Abdelaziz Bouteflika qui accourait à Doha pour être reçu, parfois en donnant l’impression d’avoir été convoqué. À présent, c’est le Cheikh Tamim qui se voit obligé de demander audience auprès d’un président algérien, pourtant très diminué et contesté dans son pays.

En réalité, l’Émir du Qatar se retrouve isolé comme jamais au sein du Monde arabe. Devenu le véritable mouton noir du Golfe, pour la première fois, trois voisins, et pas des moindres, l’Arabie Saoudite, les Émirats et Barhein ont retiré leurs ambassadeurs à Doha pour protester contre la stratégie vacillante du petit État. Il faut dire que depuis de nombreux mois, les puissants voisins, que sont l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, multiplient les efforts diplomatiques pour ceinturer d’isolement le pays, à la fois sur la scène arabe et au niveau international.

La semaine dernière, la visite du président Obama à Ryad aura certainement été l’occasion de donner des gages aux Saoudiens contre Doha, alors que le Conseil de coopération du Golfe (CCG) est secoué par une crise interne en raison de l’appui du Qatar aux Islamistes arabes, vu comme une ingérence dans leurs affaires intérieures.

En dehors du Golfe, la situation n’est guère meilleure pour le petit Émirat. Le Qatar a échoué en Égypte en soutenant les Frères musulmans et en s’aliénant les nouveaux maîtres du Caire. En Libye, le chaos qui règne témoigne de l’impuissance de Doha à installer un pouvoir qui lui serait favorable, alors qu’en Tunisie les Islamistes pro-Doha ont dû céder la place à un pouvoir plus neutre. Le Maroc, pays dépendant financièrement de l’Arabie saoudite, observe certes une position de neutralité vis-à-vis de Doha, mais sa position ne fait aucun doute. Le Qatar se retrouve, hors de ses frontières, isolé surtout que la France, depuis le départ de son fervent soutien Nicolas Sarkozy, a désormais une attitude plus distante.

Le Cheikh Tamim a donc dû prendre son bâton de pèlerin pour aller chercher des alliés. Après un stop à Amman, Khartoum et Tunis, c’est à Alger que le dirigeant qatari, décrit comme un « algérophile », vient espérer un soutien pour l’avenir. Si, jadis, un axe avec Doha a pu fonctionner, les Algériens sont à présent échaudés par cet allié peu fiable, surtout qu’il est également soupçonné d’avoir tenté d’importer sa révolution dans les rues d’Alger.

Il est, bien entendu, révolu le temps où Doha, d’un claquement de doigt, pouvait convoquer Bouteflika et l’enjoindre de se réconcilier avec l’éphémère CNT libyen. Le Qatar est à présent l’ombre de lui-même et même sa chaine de télévision « Al-Jazeera » n’est plus aussi influente que par le passé.

Enfin, qu’ont réellement à offrir les Qataris aux Algériens aujourd’hui ? Si l’Émir peut souhaiter au minimum la neutralité d’Alger dans la bataille du Golfe, que peuvent espérer les Algériens de sa bienveillance ? Ces deux questions, à l’heure où le Cheikh Tamim arrive à Alger, demeurent sans réponse.


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