Baroud et folklore pour Benflis à Tlemcen, fief de Bouteflika

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À Tlemcen, fief du président Abdelaziz Bouteflika, Ali Benflis a été accueilli en chef. Ce jeudi 27 mars, la salle de la maison de la culture où s’est tenu le meeting du candidat n’a pas pu contenir la foule très nombreuse qui s’est déplacée pour le rencontrer. « Ici, Benflis est chez lui. Et là où il va, il sera chez lui », lance Abdelkader Salat, directeur de campagne de Benflis, pas du tout surpris de l’accueil réservé « au président ». « Je ne suis ni étonné ni surpris par cette ambiance. Un grand travail a été fait par l’équipe qui est en place pour réussir ce meeting », explique-t-il.

Baroud Zorna et youyous pour « le président Benflis »

Les sympathisants de Benflis et les organisateurs ont voulu faire de cette escale symbolique à Tlemcen un moment de fête. En effet, une troupe folklorique, la zorna, donnait à cet accueil une ambiance festive, alors que les cavaliers n’ont pas lésiné sur les salves de baroud, suivies de youyous des femmes qui fusaient de la foule. Pas question de faire de cette escale une sortie ordinaire pour les organisateurs, on est bien dans la ville de Bouteflika.

Benflis arrive sur le lieu du meeting peu après 17 heures. Il a été accueilli par plusieurs responsables de son staff, des anciens parlementaires, anciens ministres comme  Abdelaziz Rehabi, et le général major à la retraite, Mohamed Tlemçani. « Je soutiens Benflis pour son programme,  son passé et son expérience », explique l’ancien haut gradé de l’armée, mis à la retraite en 2001 par Bouteflika. Et d’asséner : « L’actuel président n’est plus en capacité d’accomplir ses missions ». Le général major « forcé » à la retraite explique : « j’ai soutenu le président Bouteflika les deux premières années, mais j’ai changé de position lorsqu’il a commencé à narguer l’armée qui s’est retrouvée impliquée dans un combat qu’elle n’a pas souhaité ».

À l’aise, à la fois soulagé et rassuré par l’accueil, Benflis prend la parole pour parler plus long que d’habitude, pour prononcer, incontestablement, le discours le plus important depuis le début de cette campagne électorale. « Je ne renoncerai pas à ma candidature », promet-il en ajoutant : « j’irai jusqu’au bout de cette bataille électorale ». « Je ne reculerai pas, j’irai jusqu’au bout  et nous vous invitons à défendre vos voix », lance Benflis à l’assistance.

Le candidat malheureux à la présidentielle de 2004 lance des fléchettes en direction de Bouteflika. Il promet de ne pas faire dans le mélange « des genres » et que c’est lui-même qui gérera le pays s’il est élu président.

Le meeting de Benflis a été chahuté par un groupe de jeunes qui a pénétré dans la salle en scandant « quatrième mandat pour le président Bouteflika ». Mais ce groupe a été rapidement contrôlé. « À sidi Boumediene (Tlemcen), on nous a envoyé des personnes aussi », affirme Salat. Sous les yeux des policiers, une dizaine de jeunes munis de posters de Bouteflika se sont regroupés à une centaine de mètres du centre culturel pendant que Benflis animait son meeting.

Dans la matinée, Benflis était à Sidi Belabès où il avait dénoncé le fait que la gestion du pays soit transformée en une affaire de famille. Pour Benflis, avec l’actuel pouvoir « tout est faussé, tout est faux ». Il ajoute que c’est le cas de « ce gouvernement de corruption qui agit en comité de soutien pour le compte d’un seul candidat ». Il promet de remplacer ce gouvernement de khourda (fourretout), par un gouvernement « d’union nationale ».

Benflis dit assumer son passé avec ses erreurs, mais veut « tourner la page pour en finir  avec cette mascarade ». Une mascarade qui veut que le « peuple soit insulté ». Pour le candidat c’est là un appel à la fitna.


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