Les marchands ambulants de retour sur les trottoirs d’Alger  

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Les marchands ambulants sont de retour dans les rues d’Alger. A la Place des Martyrs, l’un des plus grand marché informel à ciel ouvert de la capitale, les marchands ambulants squattent chaque coin de rue, bloquant tout accès sur les trottoirs. Au grand dam des habitants. Pourtant, en 2012, les autorités avait lancé une grande opération d’éradication des marchés informels. Aujourd’hui, les marchands ambulants opèrent un retour en force et squattent les rues, les trottoirs, les places publiques. L’anarchie règne. Le ministère du Commerce brille par son absence.

Marché noir : arme à double tranchant

«C’est toujours la même histoire. Poussez-vous un peu, laissez-nous passer. La route est faite pour les voitures et non pas pour vous», crie un quinquagénaire, en s’adressant aux vendeurs qui bloquent une partie de la route à la Place des Martyrs. Les bagarres et les accrochages entre les revendeurs, les piétons et les automobilistes font partie du quotidien. «Ras le bol de cette situation. Tous les jours une bagarre. Ce quartier est devenu invivable », se plaint une habitante. Mais la présence des marchands informels fait le bonheur de plusieurs consommateurs. « C’est grâce à ces points de vente informels qu’on peut faire du shopping. La vie est très chère et le salaire du simple employé ne suffit pas», commente une trentenaire. «Oui, il y a de tout », réplique une vielle femme avec son couffin. Exposées à même le sol, les marchandises proposées sont souvent cédées à des prix inférieurs à ceux pratiqués dans les magasins.

Les marchands ambulants se défendent

Face aux commentaires des passants, les marchands ambulants dont certains sont des mineurs, répliquent en invoquant le chômage. « On travaille pour vivre exactement comme vous. Si j’avais un poste stable je ne serais pas obligé de me planter sous le soleil », dit l’un d’eux furieusement. « Dans notre pays il n’y a pas de travail. La jeunesse se jette dans la mer à cause du chômage. Je préfère gagner ma vie comme ça au lieu de voler », poursuit un autre.

 La lutte contre le marché informel « n’est pas une affaire politique »

Selon M. Boulenouar Hadj Tahar,  porte-parole de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) : « entre 2012 et début 2014, plus de 40% des marchés informels ont été éradiqués. Mais depuis le mois de Ramadan dernier nous avons constaté qu’en addition aux points de vente informels qui existaient auparavant,  il y en a plusieurs autres qui sont apparus ». Ce qui illustre l’échec de l’opération d’éradication des commerces informels et l’inefficacité des mesures prises par le gouvernement pour faire face à ce phénomène.

« Nous avons su dès le début que ces mesures ne mèneraient pas à éliminer ce phénomène. L’éradication de l’informel n’est pas une affaire politique », affirme M. Boulenouar, en ajoutant que « ce phénomène est devenu social plus qu’économique ». Pour y faire face, il propose quelques mesures : recouvrir les espaces de commerce fermés, tels que les anciennes galeries et les Souks El Fellah, accélérer la réalisation du projet des marchés de proximité, révision à la baisse de la fiscalité. « Plusieurs marchands préfèrent vendre dans les ruelles au lieu de posséder des registres de commerce, pour ne pas payer les impôts », souligne-t-il.


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