Développement des chemins de fer, partenariat avec Alstom, investissements…Le DG de la SNTF nous dit tout (Vidéo)

Yacine Bendjaballah

Le Directeur Général de la Société nationale de Transport Ferroviaire (SNTF), Yacine Bendjaballah, passe en revue les défis et les perspectives de développement du secteur ferroviaire en Algérie. Entretien.

La nouvelle stratégie industrielle publique a-t-elle un impact sur la SNTF ?

La SNTF est pleinement concernée. Nous serons amenés à assurer le transport de la production au fur et à mesure du développement des projets industriels. Pour l’instant la part de la SNTF ne dépasse pas les 3% du transport de marchandises par voie terrestre, soit près de 4.7 millions de tonnes. Notre objectif est de passer à 17% de parts de marché dans les années à venir. A titre d’exemple, avec le projet de construction du nouveau complexe de sidérurgie de Bellara, les flux de transport par rail vont atteindre 6 millions de tonnes.

La SNTF sera actionnaire de l’entreprise de fabrication d’autorails à Annaba, avec Alstom (France). Quelles sont les perspectives de ce partenariat, notamment à l’export ?

La joint-venture sera composée d’Alstom, de Ferrovial, de l’EMA et de la SNTF. L’objet de cette structure est la fabrication, l’engineering et la maintenance d’autorails de dernière génération avec la technologie la plus récente. Ce sont des rames modernes qui fonctionnent au diesel et à l’électricité, ce qui convient parfaitement au réseau national qui n’est pas totalement électrifié.

Il est temps de fabriquer ce qu’on a l’habitude d’acheter. Avec un taux d’intégration de 60%, nous serons en mesure de ne plus commander de l’étranger ce type de matériel.

Concernant l’export, la première phase du projet vise la satisfaction de la demande interne. Par la suite, nous pourrons penser à l’export.

Alstom était en difficulté il y a quelques années. N’était-ce pas plus avantageux de racheter la totalité de l’entreprise ?

Tout d’abord, Alstom transport est le fournisseur principal de la SNCF française de matériel roulant notamment les rames TGV. Il est un leader mondial du transport ferroviaire ! C’est le segment énergétique du groupe Alstom qui était en difficulté et qui a été racheté par General Electric. La vente de ces actifs a même permis de consolider la base d’Alstom.

Déjà, il faut se focaliser sur ce que gagne l’Algérie : il s’agit d’un partenariat pour fabriquer le matériel ici par des Algériens. Sur un second plan, la création d’emplois, le transfert technologique, l’intégration des PME sont autant de gains dont l’Algérie a vraiment besoin de nos jours.

Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a annoncé le report de plusieurs projets, notamment dans le rail, à cause de la chute des prix du pétrole. Est-ce que des projets de la SNTF sont concernés ?

C’est l’Anesrif qui gère le développement du réseau ferroviaire. Si les projets d’infrastructures de l’Anesrif pourraient connaitre des réajustements selon leur état d’avancement, ceux de la SNTF sont maintenus dans leur totalité. Il s’agit d’acquérir 30 locomotives diesel, 17 autorails grandes lignes, 20 locomotives électriques, réhabiliter 202 voitures à voyageurs, l’acquisition de 36 groupes de climatisation, des équipements de télécommunication dernière génération et de la pièce de rechange pour entretenir la flotte actuelle. Tout cela pour un montant global de 127 milliards de dinars dégagés par l’Etat.

 Où en est-on dans l’extension du réseau ferroviaire et son électrification ?

A ce jour, nous exploitons 3 800 kilomètres de chemin de fer. Les perspectives, horizon 2025, sont de 12 500 kilomètres en double-voie électrifiées avec une signalisation de dernière génération.

D’ici deux années, le réseau va connaitre une extension appréciable. Je peux vous citer la nouvelle ligne Birtouta-Zeralda, la ligne Oued Tlilat-frontière marocaine et la modernisation de l’axe Thénia-Tizi Ouzou qui avance très bien.

Beaucoup de retards constatés, sur le réseau de banlieue notamment. Quelles sont les raisons de ces perturbations ?

Je profite de cette occasion pour lancer un appel au civisme ! Les retards sont souvent des conséquences d’actes de malveillance, de sabotage, de vols de câbles et de la présence d’obstacles sur les voies.

Il y a eu de gros problèmes en particulier au niveau de la banlieue d’Alger, notamment à Réghaïa. Il ne faut pas oublier que la SNTF est victime de manifestants qui ont saccagé les voies en signe de protestation contre un projet de site de traitement des déchets. Cela se répercute négativement sur la régularité. Depuis 2014, nous sommes passés de 20 minutes de retard en moyenne, à 11 minutes actuellement avec un objectif d’atteindre 5 minutes en moyenne sur la banlieue algéroise.

La SNTF a déclaré 100 millions de dinars de pertes à cause de ces dégradations pour le 1er semestre 2014, uniquement sur la ligne de la banlieue Est.

 Concernant le déraillement du train en novembre 2014, où en est-on dans l’enquête ?

C’est un accident tragique. C’est triste d’avoir perdu une vie humaine, elle est chère pour nous. Le bilan aurait pu être catastrophique vu l’ampleur de l’accident. Le risque zéro n’existe pas. Des accidents peuvent arriver sur n’importe quel réseau, aussi moderne soit-il.

Ceci dit, nous avons tiré des enseignements et pris des mesures techniques pour remédier aux failles ayant conduit à l’accident : un audit externe de l’ensemble du système d’exploitation, en collaboration avec la Commission européenne a été lancé. L’introduction progressive des systèmes de suivi de circulation des trains par satellite. L’augmentation de la durée de formation de 18 à 24 mois des conducteurs.

En termes de responsabilité, la justice prend le relais. Nous attendons ses conclusions pour donner suite à ce dossier.

 


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