Après les propos de José Bové sur l’implication de Total dans l’exploration du gaz de schiste en Algérie, la compagnie pétrolière française souhaitait une nouvelle fois clarifier les choses. C’est donc via un communiqué que la filiale algérienne, Total Exploration & Production Algérie, réagissait, mardi 3 mars, en démentant toute participation « à des activités de forage de puits à objectifs gaz de schiste » dans le pays.
Contactée à plusieurs reprises par TSA, notamment pour donner plus de précisions sur son projet de Tight Gas à Timimoun, l’entreprise française n’a répondu à aucune des demandes d’informations.
« Total n’est pas du tout impliquée ni de manière directe ou indirecte dans le projet d’In Salah »
Le 3 mars dernier, la filiale algérienne Total faisait savoir que l’entreprise ne détenait aucun « permis d’exploration ni de projet de développement » dans le domaine du schiste. La compagnie pétrolière indiquait également avoir été présente sur un « permis d’exploration, qui n’était pas un permis de gaz de schiste » dans le bassin d’Ahnet jusqu’au 6 juin 2014. Ce bassin qui se situe au sud de Timimoun fait pourtant partie des zones identifiées comme regorgeant potentiellement de gaz de schiste.
Les bassins identifiés en Algérie comme potentiels en gaz de schiste
Source Frack Free Europe – Attac
Au téléphone, Total Exploration & Production Algérie affirmait ne plus avoir d’activité à Ahnet car l’entreprise n’avait pas souhaité développer le permis d’exploration suite au « non-aboutissement des négociations ». La compagnie pétrolière maintenait alors que l’exploration en question concernait seulement le secteur du gaz conventionnel.
Mais qu’en est-il de sa présence dans le domaine du « Tight Gas » à Timimoun ?
En Algérie, Total reconnaît sa participation au consortium regroupant Sonatrach et l’espagnol CEPSA dans un projet qui prévoit 37 puits et dont le début de production est fixé pour 2017. Malgré nos multiples demandes, aucune information ne filtre concernant ce projet en phase de pré-développement.
Stratégie d’innovation de Total dans le monde
L’exploration et l’exploitation du Tight Gas, qui fait partie des gaz non-conventionnels nécessitent (comme le gaz de schiste) l’usage de la technique dite de « fracturation hydraulique ». Au-delà du type de gaz exploité, c’est cette méthode utilisée, extrêmement polluante et risquée, qui est dénoncée par la société civile.
Sur ce sujet, Wassila Boubekeur, chargée de communication de Total Algérie répondait dans un premier temps que « la production de Tight Gas ne nécessite pas forcément le recours à la fracturation hydraulique » et affirmait que l’entreprise se concentrait sur les « zones les plus perméables». Des déclarations arrachées au compte-goutte avant que la responsable ne se rétracte et indique ne pas vouloir communiquer davantage sur le sujet. Le service de communication de la maison-mère reste tout aussi muet face à nos demandes répétées.
Une opacité et des tergiversations qui interpellent alors que le mouvement de contestation contre le gaz de schiste se poursuit et que l’Etat algérien met en place les premières mesures répressives à l’encontre des manifestants.
