Le Premier ministre Abdelmalek Sellal s’est exprimé, ce mardi 6 janvier, via un entretien à l’agence officielle APS. Dans un contexte de crise économique et politique, les déclarations de Sellal étaient très attendues.
Le Premier ministre était attendu sur des questions importantes comme la révision de la Constitution, la baisse des cours du pétrole, la colère qui monte dans le Sud, etc. Mais c’était sans compter sur la langue de bois à laquelle nous ont habitués les dirigeants depuis longtemps.
Abdelmalek Sellal a tout simplement ignoré certains sujets importants. Il a détaillé avec beaucoup de légèreté, voire de naïveté, la « stratégie » du gouvernement face à la chute du baril. Pas de mesures concrètes, ni de plan de sortie de crise. Mais des slogans et des phrases déjà entendues censées rassurer les Algériens sur l’action du gouvernement. Mais il est à craindre que c’est l’effet contraire, que ces propos vont produire chez les Algériens.
Pour M. Sellal, la réaction du gouvernement a été «rapide » face à la baisse brutale des prix des hydrocarbures sur les marchés mondiaux. Le Premier ministre affirme cela alors que la première réunion de crise convoquée par le président de la République n’a eu lieu qu’à la fin de l’année 2014 et ce alors que les prix du pétrole n’ont cessé de dégringoler depuis l’été.
Absence de vision
Autre diversion : Sellal affirme que son gouvernement a élaboré «des scénarios budgétaires permettant la poursuite du développement économique du pays et le maintien de l’effort de l’Etat dans les secteurs importants », sans pour autant en cité un. Et pour clore ce chapitre, il estime que les performances économiques du pays « sont positives », ignorant peut être que notre économie est plus que jamais entièrement dépendante de la rente pétrolière en dépit des centaines de milliards de dollars injectés dans des projets d’investissement.
Une autre preuve de ce manque de stratégie chez les décideurs. Le recul sur la décision de différer les recrutements de la fonction publique. Abdelmalek Sellal précise que le gel des recrutements qu’il a annoncé il y a seulement quelques jours ne touchera pas tous les secteurs. L’éducation, la santé, l’enseignement supérieur, la formation professionnelle seront épargnés. Concrètement donc, les secteurs clés, qui consomment les plus gros budgets du recrutement sont rayés de la première liste. Quel sera alors l’impact budgétaire et l’apport du gel du recrutement dans la fonction publique ?
Aucun mot sur In Salah
A retenir aussi que dans cet entretien, Abdelmalek Sellal s’est intéressé à la situation politique chez les voisins sans pour autant évoquer la situation qui règne dans le Sud du pays. Aucun mot sur les manifestations à In Salah. Le sujet est sciemment ignoré. Un comportement qui n’est pas nouveau. Le gouvernement avait auparavant ignoré la crise à Ghardaïa, la colère des policiers, les émeutes à Tougourt avant de se réveiller pour gérer les dégâts.
Dans cet entretien, Abdelmalek Sellal a renvoyé l’image d’un homme politiquement effacé, réduit à gérer les affaires courantes, incapable de se positionner dans les débats qui animent le champs politique. Ainsi, il ne dira rien sur la révision de la Constitution, ni sur le remaniement ministériel attendu. Pas un mot sur le projet d’alternance politique porté par l’opposition. Ce qui a fait de sa sortie médiatique un non-événement.