L’Algérie, un pays qui perd son temps

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Le président, Abdelaziz Bouteflika a annoncé, ce lundi 24 novembre, que l’Algérie se préparait « sérieusement » à réviser sa Constitution. « L’Algérie va procéder à la révision de sa Constitution. Elle s’y prépare sérieusement en se basant sur les résultats des larges consultations organisées à cet effet en vue d’associer toutes les catégories sociales », a affirmé le chef de l’État dans un message lu en son nom par son conseiller.

Cette annonce soulève plus d’interrogations que de réponses attendues par la classe politique et la population. Les contours de cette révision ne sont pas connus et nous ne disposons toujours pas de calendrier précis pour l’aboutissement du projet.

Ce lundi, dans son message, le président a même laissé penser que le pouvoir prendrait son temps pour finaliser ce projet, afin « de ne pas verser dans l’improvisation ».

Une promesse qui date de 2011

Le projet de révision de la constitution n’est pourtant pas récent. Il avait été initié le 15 avril 2011 au cours du fameux discours présidentiel sur les réformes politiques. La première commission d’experts chargée d’élaborer un projet sur la Constitution a été mise en place en avril 2013. Elle s’est révélée être un échec, causé d’une part par l’absence de partis d’opposition dans le processus, et d’autre part par le fait que les experts au sein de la commission ont très vite été écartés des discussions pour n’occuper qu’un rôle de figuration. Ses conclusions n’ont jamais été révélées. Ahmed Ouyahia a pris le relais l’été dernier pour des consultations avec la classe politique. Là encore, le contenu du rapport qu’il aurait remis au chef de l’État n’a pas été rendu public.

Des indicateurs au rouge

Pourtant, dans le contexte actuel, la révision de la Constitution apparaît comme un projet crucial. Aujourd’hui, tous les indicateurs sont au rouge. Politiquement, le pays est paralysé. Toutes les décisions stratégiques ou sensibles sont reportées à l’après-révision, tandis que l’opposition et la rue ne cessent de gronder.

Avec le prix du pétrole en baisse continue, les finances de l’État – dépendantes des hydrocarbures – sont potentiellement en danger. La paix sociale, déjà fragile, ne saurait tenir si une crise économique s’ajoutait à la crise politique.

Aujourd’hui, lorsque le président évoque le besoin de prendre son temps pour « ne pas verser dans l’improvisation », il dégage l’impression d’être en décalage avec un pays impatient de connaître de véritables changements qui le feront entrer enfin dans le 21e siècle.

Bouteflika a promis des réformes sérieuses en avril 2011, en même temps que le roi du Maroc et alors que la Tunisie entamait sa période de transition après la chute du régime de Ben Ali. Depuis, le Maroc a révisé sa Constitution et organisé des élections pluralistes. La Tunisie a réussi sa transition, avec le déroulement, hier, de la première élection présidentielle pluraliste après le succès fin octobre des législatives. L’Algérie continue de perdre son temps.


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