Tunisie : les enjeux d’une élection présidentielle historique

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Après les élections législatives du mois d’octobre, les Tunisiens sont de nouveau appelés aux urnes ce dimanche 23 novembre pour élire le premier président post-révolution. Cette élection pluraliste, qualifiée d’historique, sera suivie de près par la communauté internationale, pour qui la Tunisie représente un exemple de transition démocratique dans le monde arabe. Si aucun candidat n’emporte la majorité absolue suite à l’élection de dimanche, un second tour devrait se tenir le 28 décembre prochain.

Les candidats en lice

Vingt-sept candidats, dont deux femmes, briguent la présidence. Beji Caid Essebsi, appelé BCE, président de la formation Nidaa Tounes et vainqueur des élections législatives du 26 octobre dernier, fait figure de favori. Les premiers sondages l’annoncent même en tête dès le premier tour avec plus de 66% des voix (sondage Tunis Libre du 15 novembre). Âgé de 88 ans, sa candidature est décriée par ses adversaires, car trop marquée par les anciens régimes et pas assez représentative de la révolution portée par la jeunesse tunisienne, selon eux. Ses détracteurs considèrent sa probable victoire comme un retour en arrière et une menace pour les acquis de la révolution initiée en 2011.

En face de Beji Caid Essebsi, on trouve Moncef Marzouki ; président sortant élu par les députés de la Constituante en 2011. Principal acteur de la transition démocratique, le bilan mitigé de ses trois années au pouvoir, son alliance avec Ennahda et la défaite de son parti aux législatives, seulement 4 sièges sur 217, ne le place pas en position de force.

De son côté, Ennahda a fait le choix de ne présenter aucun candidat. La raison principale avancée est le « désir de coalition nationale » et la volonté de ne pas accentuer la fracture sociale entre les « pro-islamistes » et les « pro-laïcs ». Battu lors des législatives, mais toujours deuxième force politique du pays avec 69 sièges, le parti n’a apporté de soutien officiel à aucun candidat en lice.

Quel poids pour le président face au pouvoir parlementaire ?

La dernière Constitution adoptée en janvier 2014 instaure un nouveau régime politique en limitant les pouvoirs du président. En effet, le premier ministre issu de la majorité parlementaire prendra en main l’essentiel de l’Exécutif.

Aux dernières élections législatives, aucun parti n’est sorti vainqueur avec une majorité absolue. En effet, il manquait 23 sièges à Nidaa Tounes pour prendre l’option de nominer un gouvernement. Dans ce sens, des discussions devront s’engager afin de former une coalition stable capable de diriger le pays sur les cinq prochaines années. Des institutions pérennes qui permettraient au prochain dirigeant de faire face aux enjeux de la Tunisie actuelle.

Les enjeux de cette élection

Pour la Tunisie post-révolutionnaire, les défis sont multiples. Il y a tout d’abord un enjeu économique important avec une nécessité d’inverser la courbe du chômage et d’augmenter le pouvoir d’achat des Tunisiens. Avec un taux officiel de 15%, ce sont majoritairement les jeunes qui sont touchés par le chômage.

Le défi est aussi politique. Malgré les avancées, il reste à consolider l’unité nationale et édifier des institutions stables afin de redresser une économie minée par les pertes du secteur touristique et la baisse des investissements étrangers. Il faut dire que l’instabilité politique et sécuritaire du pays ne rassure pas les investisseurs. Le prochain gouvernement devra mettre en place une politique afin de lutter contre le terrorisme et sécuriser les frontières avec les pays voisins, notamment la Libye. Une collaboration avec l’Algérie dans le domaine sécuritaire est d’ailleurs déjà en place.

Autant d’enjeux auxquels le nouveau dirigeant de la Tunisie devra répondre.


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