Grève des policiers. « Un précédent d’une extrême gravité », selon le RCD

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Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a qualifié, ce vendredi 17 octobre, la manifestation des policiers de « précédent d’une extrême gravité ». «Le mouvement de protestation déclenché cette semaine par les membres des Unités républicaines de la sûreté (URS) au niveau de plusieurs wilayas du pays suivi d’un encerclement du siège de la présidence de la République, même si son premier locataire l’a déserté depuis longtemps, est un précédent d’une extrême gravité », a déclaré Mohcine Belabbas à l’ouverture de l’université d’été du parti à Souk El Tenine, sur le littoral Est de la wilaya de Béjaïa. Belabbas a accusé les responsables des institutions, notamment sécuritaires, d’« irresponsabilité ».

Le débrayage public des URS, « Bien que porteur de revendications socioprofessionnelles légitimes, exprime on ne peut mieux, la déliquescence de l’État et l’ampleur de la crise et de l’impasse institutionnelle algérienne », a estimé le chef du RCD.

« Une impasse otage des clans qui se sont imposés par la violence un demi-siècle durant et dont notre rassemblement n’a pas cessé d’alerté depuis plus d’une dizaine d’années », a-t-il ajouté.

Le RCD relève l’inaction de la Garde républicaine dont la mission principale est la protection et la défense des édifices et lieux relevant de la présidence de la République, durant toute la première journée qui a vu le palais d’El Mouradia assiégé par les policiers protestataires.

Il estime aussi que la désertion par les policiers en faction de nombreux édifices publics, de consulats et mêmes de barrages routiers au niveau de la capitale « Confirme l’irresponsabilité et l’inconscience de l’ensemble des dirigeants des institutions notamment celles en charge de la sécurité », a-t-il déclaré dans une allocution publiée sur le site du parti.

Selon lui, « Ce n’est pas une révolution de palais, fomenté par ceux-là même qui ont cautionné le viol de la constitution en 2008 pour lever la limitation des mandats et validé la candidature d’un septuagénaire impotent et inaudible, qui sauvera le pays. C’est peut être ici l’occasion de relever, non sans une pointe d’ironie, que la police qui était chargée de réprimer et d’empêcher les forces de l’opposition d’importer les slogans des révoltes arabes est celle qui reprend avec tonitruance ces mêmes slogans », ironise-t-il.

Constat de vacance du pouvoir

En plus de la situation économique catastrophique, le président du RCD relève qu’ « Aujourd’hui toutes les institutions de l’État sont illégitimes et frappées de sclérose à cause de la persistance de la crise politique… Le constat de la vacance du pouvoir au niveau de la première institution de l’État est partagé par tous y compris par nos partenaires étrangers. C’est un secret pour personne, quand François Hollande révèle qu’il s’est adressé directement au premier ministre algérien dans l’affaire de l’otage français enlevé et décapité, il confirme et entérine au vu des autres pays l’impotence du chef de l’État algérien », dit-il.

« Menace terroriste »

Par ailleurs, le RCD considère par la faute « de l’incompétence du pouvoir », la situation sécuritaire intenable. « La politique de la réconciliation nationale qui absout les acteurs des tueries met le pays dans une menace terroriste accrue avec la dégradation des conditions sécuritaires et des violences multiformes dans notre région et notre sphère géopolitique immédiate. L’incompétence avérée du pouvoir algérien rend la situation de plus en plus intenable avec l’arrivée massive de réfugiés subsahariens, syriens et d’ailleurs », soutient Mohcine Belabbas, avant d’ironiser « Pendant ce temps, le pays est livré aux louvoiements d’un pouvoir qui, passé la farce électorale qu’il a organisé en avril dernier et le casting des clientèles pour la révision de la constitution, replonge dans des luttes de sérail confirmant son isolement et l’absence de cap et de vision pour la Nation ».

« Pas de Zaïm, ni d’Homme providentiel »

Tout en appelant les jeunes à s’impliquer dans le changement qu’appelle la situation du pays, le président du RCD soutient que l’Algérie n’a aujourd’hui besoin ni de Zaïm, ni d’Homme providentiel, comme l’ont fait les jeunes en 1954. « Imposer à la Nation des chefs comme des Hommes providentiels mène à la catastrophe, nous l’avons vérifié depuis l’indépendance et encore plus depuis 1999. Il est temps de rompre avec la culture de l’Homme providentiel et laisser place à une nouvelle élite capable d’appréhender le futur et de penser un projet qui puisse remettre l’Algérie sur les rails du développement et du progrès », a-t-il conclu.


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