Abdelkader Kadi, ministre des Travaux publics, a confirmé, ce lundi 6 octobre, la résiliation du contrat avec le consortium japonais Cojaal concernant la réalisation du tronçon est de l’autoroute Est-Ouest. La réalisation des 84 km restant du tronçon sera attribuée à deux groupements, a-t-il affirmé, sans fournir plus de précisions sur l’identité des entreprises qui les composeraient.
« Les entreprises sont en consultation et on va les designer dans quelques jours ou quelques semaines. On va compter sur ces groupements pour les réalisations dans des délais records et à moindre coût que les propositions de Cojaal », a-t-il seulement dit.
Dans ce dossier, Abdelkader Kadi ne fait pas mieux que son prédécesseur Amar Ghoul. La résiliation du contrat avec Cojaal est entourée de zones d’ombre et suscite plusieurs interrogations.
La première concerne les raisons de cette résiliation. Si, comme le dit indirectement le ministre, elles sont liées aux délais de réalisation qui ne sont pas respectés, pourquoi avoir attendu 2014, soit 5 ans après le délai de livraison fixé initialement en 2009 ? Pourquoi résilier le contrat alors qu’il ne reste que 84 km à réaliser sur un tronçon de près de 359 km ?
La deuxième question concerne la méthode utilisée. Avant son départ, l’ancien ministre, Amar Ghoul, avait systématiquement nié l’existence de retards dans la réalisation de l’autoroute. Il avait démenti toutes les informations sur le sujet, affirmant régulièrement que les relations avec Cojaal étaient excellentes. Puis subitement, son successeur passe à l’autre extrême en procédant à la résiliation pure et simple du projet. Le contrat liant l’État algérien et Cojaal ne prévoyait pas des mesures intermédiaires, comme par exemple des pénalités de retard ? Sur ce point, le ministre ne dit rien non plus.
Enfin, Cojaal a demandé un dédommagement de 910 millions de dollars après cette décision de résiliation. En formulant cette demande, dans le cadre d’un arbitrage international, Cojaal s’estime visiblement lésé. Et curieusement le ministre ne conteste pas le fond mais seulement la forme de la demande : « Il n’y a pas un arbitrage international de prévu dans le contrat. S’ils veulent faire un arbitrage se sera un arbitrage algérien, c’est mentionné sur le contrat », a-t-il affirmé. « Je ne pense pas qu’ils ont raison », a-t-il ajouté, visiblement sans grande conviction.
Mais il est peu probable qu’un groupement de la taille de Cojaal engage des cabinets d’avocats internationaux dans une longue et sans doute coûteuse procédure d’arbitrage international s’il ne possède pas quelques arguments qu’il estime solides contre l’État algérien.
Connaissant les compétences des équipes qui ont géré le contrat de l’autoroute, à leur tête Amar Ghoul, il est fort probable que les Japonais obtiennent gain de cause.