Entretien avec le président du MSP : « Hamrouche est avec nous, le FFS veut travailler seul »

Mokri

Abderezzak Mokri est le président du MSP et membre de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). Dans cet entretien, il revient sur les prochaines actions de cette coordination, l’assassinat du touriste français Hervé Gourdel, la position du FFS…

Quelles sont les prochaines actions de la CNTLD ?

Des activités vont être organisées par chaque parti politique et d’autres seront organisées par l’ensemble de partis politique. Outre la nécessité d’aller vers les citoyens, nous nous sommes mis d’accord pour organiser des activités à chaque occasion comme celle du 5 octobre (émeutes d’octobre 1988, ndlr) ou celle du 1er novembre (déclenchement de la guerre de Libération, ndlr). Pour ce 5 octobre, il était difficile de prévoir quelque chose vu qu’il coïncidait avec l’Aïd. Mais une action est prévue en octobre. Nous ne voulons pas parler aux médias de ces activités avant l’approche de la date.

Est-ce que vous menez des actions sur le terrain ?

Lors de la dernière réunion de l’instance de suivi, il a été demandé aux partis d’aller davantage vers la population. Au MSP, nous sommes partis, le week-end suivant, à Tébessa où j’ai animé un grand meeting. Nous nous sommes rendus ensuite dans une commune frontalière avec la Tunisie où j’ai organisé plusieurs rencontres avec les citoyens et militants du parti. Nous avons également effectué un travail de proximité dans les rues, les quartiers et dans un café. Donc, nous nous rendrons, chaque semaine, dans une ou deux wilayas. Lundi, je serai à Médéa. La semaine d’après, je serai à Sidi Bel Abbès et Aïn Témouchent.

Le président Bouteflika est toujours absent de la scène politique. Comment voyez-vous l’évolution de la situation politique dans le pays ?

Pour le président, c’est l’opacité totale. Aux Nations-Unies, lorsque le président d’un pays n’est pas présent, protocolairement parlant, ce pays sera déclassé dans la prise de parole et les pourparlers bilatéraux. Sur l’évolution de la situation politique, il faut bien savoir que la bataille politique entre l’opposition et le système ne va pas se faire dans l’immédiat et dans le chaos. C’est une bataille de points et on en a gagné beaucoup. On est arrivé à mettre en exergue la corruption du pouvoir politique et son incapacité à garantir le développement économique. On est en train de gagner la sympathie de plus en plus d’Algériens. Et ces derniers sont plus clairvoyants.

Mais l’opposition peine à s’imposer…

L’opposition fait ce qu’elle peut. C’est une responsabilité qui incombe au pouvoir politique. Si la situation bascule, elle sera présente. Elle aura gagné beaucoup de temps. Car on aura jeté les ponts entre nous. Maintenant, chacun connait l’autre et chacun a l’habitude et les outils pour travailler avec l’autre. Si l’Algérie se retrouve en crise, on ne perdra pas beaucoup de temps comme ça a été le cas dans les autres pays arabe dont la Syrie, la Libye ou le Yémen où les partis politiques de l’opposition n’ont pas pu travailler ensemble.

L’opposition peine à s’unir..

Non, je ne pense pas.

Le FFS par exemple s’est nettement démarqué de votre initiative…

Le fait que le FFS représente une spécificité ne change rien à la donne. L’opposition n’a jamais été aussi unie qu’aujourd’hui. Je préfère parler de cette opposition qui a choisi de travailler ensemble. De ce groupe soudé qui a une position claire et nette. Nous avons aujourd’hui trois cercles. Le premier est celui des partis politiques. Le deuxième est celui des ensembles formés par les partis politiques (CNLTD-Pôle du changement) et le troisième cercle est celui de l’instance de concertation et de suivi. Et chaque cercle a ses prérogatives !

Donc le FFS veut, selon vous, travailler seul ?

Apparemment, oui. Il veut travailler seul. Les autres travaillent ensemble selon des stratégies bien déterminées.

Vous estimez aussi qu’il n’a pas de position claire par rapport à l’opposition?

Le FFS ne veut pas travailler en commun. Nous ne voulons pas entrer dans les affaires internes des partis politiques. Il faut lui poser la question sur sa position par rapport à sa nouvelle définition de l’opposition.

Mouloud Hamrouche a pris ses distances avec la CNTLD. Comment l’expliquez-vous ?

Hamrouche est avec nous sur le plan des idées et des réflexions qu’on fait ensemble.

Vous avez dénoncé un complot contre l’Algérie après la décapitation du touriste français, Hervé Gourdel, en Kabylie. Avez-vous des preuves ?

C’est une règle générale. Là où il y a le terrorisme, il y a le complot lié aux agendas extérieurs. Le terrorisme est utilisé par tous les services de sécurité du monde dans des guerres qui ne disent pas leurs noms. Quand ces États ne veulent pas faire les choses légalement, ils le font par le biais du terrorisme. Aujourd’hui, on sait que les puissances étrangères veulent imposer à l’Algérie de s’impliquer dans les conflits régionaux. Et c’est pour cela qu’ils essaient de semer la zizanie, provoquer ces problèmes de terrorisme ou les utiliser.

Vous laissez donc entendre que la décapitation a été ordonnée de l’extérieur du pays ?

Tout est possible ! Les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis sont expliqués de façon très controversée. Jusqu’à maintenant, il y a des thèses et des antithèses sur ce qui s’est passé exactement.

Vous avez appelé le système politique à réagir rapidement après cette affaire. Pourquoi ?

Nous l’avions appelé à se concerter sur toutes les questions nationales, sur les réformes et la transition démocratique. Il est essentiel de garantir un front interne uni face à tous les périls dont la menace étrangère. Jusqu’à maintenant, rien ne prête à croire qu’il va répondre à notre appel.


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