Du haut d’une cabine du téléphérique de Bouzaréah, le vrai visage de la capitale

télépherique

Une semaine après la mise en route du téléphérique reliant Oued Koreich à Bouzareah, les Algérois se ruent sur ce nouveau mode de transport. Le téléphérique dessert une ligne de 2,9 km et culmine à 360 mètres de hauteur.

Près de la station de Oued Koreich (Triolley), dans le quartier populaire de Bab El Oued, un policier poursuit un jeune homme. Le coin n’a pas la réputation d’être calme, loin de là. « Ce quartier est très dangereux, il faut faire très attention », nous conseille notre chauffeur de taxi. Á l’entrée de la station, un très beau jardin. Des arbustes et des fleurs s’y développent. Á l’intérieur, les murs peints en bleu et le sol recouvert d’une dalle blanche sont très agréables à regarder.

Les voyageurs vont payer leur ticket de transport 30 dinars et se précipitent dans le téléphérique. Plusieurs télécabines bleues tournent pour reprendre leur chemin vers Bouzareah, sur les hauteurs de la capitale. Des femmes, des enfants et des personnes de tout âge attendent de monter.

Inauguré le 15 septembre, le téléphérique est devenu une attraction touristique. « J’espère qu’il ne va pas s’arrêter comme hier », demande à un agent une dame accompagnée de ses trois enfants. Il lui répond que les ennuis techniques ne sont pas impossibles. « Hier, on était bloqué à une hauteur vertigineuse et il était 19 h. On a eu très peur », confie la jeune maman. « Ma sœur Malak a pleuré ».

Sans titre

Le téléphérique démarre. Nous nous éloignons de la jolie gare. Le quartier Beau-fraisier, l’un des plus pauvres et les plus anarchiques de la capitale, est juste au-dessous de nous. Les paysages vus du haut de la télécabine changent et deviennent de moins en moins agréables à voir. Au loin, la vue baie d’Alger est magnifique. Mais, la mer calme et les bateaux ne détournent pas bien longtemps notre regard des bidonvilles et des décharges anarchiques vus d’en haut.  Les toitures en tôle dominent le paysage. Sur ces toits sont parfois posés des pneus et des bâches de différentes couleurs. Ce qui rend le paysage encore plus hideux. « Ils ont annoncé qu’ils allaient enlever ces bidonvilles avant d’inaugurer le téléphérique mais ils ne l’ont pas fait. C’est très moche à voir », dit une jeune fille qui accompagne sa mère chez ses grands-parents. « Mais il faut dire la vérité. Le téléphérique est très pratique. Il nous évite les embouteillages. »

DSC_0062

DSC_0068

En plus des bidonvilles, plusieurs maisons construites anarchiquement sur des terrains accidentés défigurent le tableau. Parfois les télécabines passent tout près des maisons. On peut voir de très près des femmes qui étalent leur linge et qui font sortir leur literie au soleil. « Je ne peux pas vivre dans une maison où tout le monde peut voir ce que je fais », déplore une quinquagénaire.

DSC_0015

La télécabine s’arrête à la station intermédiaire de la Fonton avant de reprendre son trajet vers Bouzareah. Á partir de cette station le paysage qui se dessine est pire que le précédent. La mer s’éloigne. Bidonvilles, décharges dispersées au milieu des montagnes sauvages… La balade devient beaucoup moins agréable.

DSC_0049

La télécabine arrive à Bouzareah, après un voyage de seulement 10 minutes. Juste le temps de s’apercevoir du degré de dégradation des quartiers d’Alger la blanche. C’est l’autre visage de la capitale, loin des boutiques de marques étrangères du centre-ville ou de Sidi Yahia et des quartiers huppés de Hydra et Club des Pins, où habitent les étrangers et la nomenklatura du régime.

Par route, de Triolley à la place de Bouzareah, il faut minimum une demi-heure en voiture, lors des heures de pointe, il faut compter plus d’une heure.


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici