Ces hommes politiques dont la carrière dépend d’un simple trait de plume de Bouteflika

belkhadem

Abdelaziz Belkhadem quitte officiellement la présidence de la République. Le décret mettant fin aux fonctions du ministre d’État conseillé spécial auprès du président Bouteflika a été publié ce jeudi 11 septembre au Journal officiel. L’ancien patron du FLN Belkhadem prend donc sa retraite ; une retraite forcée imposée par la conjoncture politique. L’homme n’a pas échappé à la règle imposée par le président Bouteflika depuis son intronisation au sommet de l’État en 1999. À défaut de ne pouvoir cohabiter avec ses adversaires, Bouteflika finit toujours par signer « leur mort politique ». Belkhadem n’est ni la première, ni la dernière victime.

La méthode Bouteflika

En 2003, Bouteflika décide de se séparer de son chef du gouvernement Ali Benflis. Son crime ? Sa décision de se porter candidat aux présidentielles de 2004. Un geste considéré comme étant de la « haute trahison ». La sentence est sévère. Tout comme Belkhadem, Benflis a été chassé du pouvoir et du FLN. Ses soutiens ont été humiliés, écartés des postes de responsabilité. Le Président a réussi à effacer le nom et la présence de son adversaire sur la scène politique. Benflis tente de rebondir dix ans après, un retour difficile pour certains, quasiment impossible pour d’autres.

Trait de plume

Ahmed Ouyahia en a fait l’expérience. L’actuel chef de cabinet du Président a goûté au « chômage politique » plusieurs fois sous le règne de Bouteflika. Il a été contraint de quitter la direction de son propre parti, cela après avoir été éjecté du gouvernement en 2012.

Depuis 1999 et jusqu’à preuve du contraire, le destin des personnalités politiques au pouvoir a été toujours aux mains du président de la République. Le sort réservé à ces trois anciens chefs du gouvernement renseigne un tant soit peu sur les paradoxes de la pratique politique dans le pays, ces trois dernières décennies. Première conclusion : la durée de vie des hommes politique ou bien encore des hommes au pouvoir dépend du degré d’obéissance affiché envers le président Bouteflika. Deuxième constat, qui est  plus grave encore : ces hommes politiques n’existent que par la fonction qu’ils occupent à la présidence ou au gouvernement. En fait, ce sont beaucoup plus des « fonctionnaires politiques » que des hommes politiques, sans aucune base militante. Leurs carrières dépendent d’un simple trait de plume du Président. Du jour au lendemain, ils disparaissent de la scène politique, en attendant des jours meilleurs. Bouteflika lui-même en a fait l’expérience durant sa traversée du désert. Et récemment Benflis, Belkhadem et Ouyahia.

Des fonctionnaires politiques

Ces trois hommes censés être des militants dans « de grands partis politiques » n’ont, d’ailleurs, pas réussi, hors pouvoir, à mobiliser leurs militants pour leur cause. Où sont-ils les 200 membres du CC revendiqué par Belkhadem ? Qu’est ce qui a amené les plus fidèles d’Ahmed Ouyahia à rejoindre les frondeurs au RND contre lui ? Et pourquoi les pro-Benflis au FLN n’ont rien pu faire pendant les élections présidentielles d’avril 2014 ? Sous le règne de Boutflika, le militantisme politique a reçu de sérieux coups. Il a cédé la place à « l’allégeance politique ».

Belkhadem s’en est servi pour convaincre ses partisans de mener la fronde au FLN. « Jusqu’à la dernière minute, Belkhadem insistait sur l’appui qu’il avait auprès du Président. Un appui présenté comme un grand atout politique », explique un membre du FLN. Après la décision de Bouteflika de le limoger, « ses partisans ont compris son mensonge et l’ont lâché », poursuit notre source. Les partisans de ces trois figures politiques savent mieux que les autres que sans l’appui de Bouteflika la marge de manœuvre d’Ouyahia, Belkhadem et Benflis est quasiment nulle.


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