Où en est l’épidémie de fièvre aphteuse en Algérie ?

bovins

Karim Boughalem du service vétérinaire au ministère de l’Agriculture revient sur l’épidémie de la fièvre aphteuse.

Où se situent les foyers de la fièvre aphteuse ?

Une quinzaine de wilayas sont touchées par la fièvre aphteuse. Elle a démarré à Sétif et  a touché toutes les wilayas limitrophes en moins d’une semaine. C’est la particularité du virus aphteux qui est à haute contagion.

Craint-on encore une progression ou va-t-on réussir à l’endiguer ?

On va en avoir encore. On est en phase ascendante de la maladie. Nous nous attendons à avoir encore des déclarations de suspicion. Nous nous attendons à ce que d’autres wilayas déclarent la maladie. Le plus important est de connaitre le matelas immunitaire installé sur le bovin suite à la campagne de vaccination qu’on a menée auparavant. Le nombre de wilayas infectées est important, mais le nombre de foyers n’est pas très important. Nous avons des wilayas qui n’ont qu’un foyer. Sétif étant le point de départ a le nombre de foyers le plus important, c’est-à-dire une douzaine de foyers. Le plus important pour nous, c’est de pouvoir éteindre les foyers. Quand on a un foyer dans une exploitation, il faut qu’on attaque rapidement les bovins qui s’y trouvent, on désinfecte et on fait une vaccination périfocale pour limiter l’infection au niveau du foyer. D’autres exploitations ne seront pas ainsi touchées. Mais il revient à l’éleveur de déclarer rapidement pour nous permettre d’agir vite et éviter qu’il y ait une extension à d’autres exploitations.

Peut-on craindre que des éleveurs ne déclarent pas ?

Tout dispositif de lutte contre la fièvre aphteuse doit se faire avec l’adhésion des éleveurs, sinon le dispositif ne marchera pas. Il est impératif que l’éleveur adhère. Toute cette sensibilisation par le biais de spots télévisés et des chambres de l’agriculture tend à informer.

Y a-t-il des contrôles sur le terrain par les directions de l’agriculture ?

Tous les vétérinaires, qu’ils soient fonctionnaires ou praticiens privés qui sont en train de sillonner les élevages, sont tenus de nous déclarer la maladie. Et on gagnerait en temps si les éleveurs venaient eux-mêmes déclarer les suspicions de symptômes cliniques de la fièvre aphteuse

Existe-t-il un dispositif de sanction pour non-déclaration ?

La sensibilisation est un fait. D’ailleurs, n’importe quel citoyen en Algérie sait que nous avons de la fièvre aphteuse. Il y a eu un tapage médiatique.

Mais cela pourrait ne pas suffire…

Nous sommes en train de dire à ces éleveurs : « Déclarez, nous sommes en train d’indemniser ».  Et d’indemniser à hauteur de 80 % pour la vache laitière ! On tient compte du prix réel de la bête. De plus, l’éleveur récupère la carcasse de viande pour la vendre. Il obtiendra donc 100 % de la valeur de la bête

Combien de bovins ont été contaminés ?

Pour le moment, le nombre est insignifiant. Ce sont des centaines de bêtes. Nous n’atteignons pas mille bêtes contaminées. Nous sommes en train de travailler sur le bilan réel et je n’aimerai donc pas donner un chiffre tout de suite. L’effectif bovin total est de un million neuf cents mille bovins et moins de mille sont contaminés. Cela est dû à la vaccination que nous avons menée, cela a permis de minimiser les pertes. Nous menons cette campagne chaque année, mais lorsque la Tunisie a déclaré la fièvre aphteuse, nous avons immédiatement déclenché une opération qui a débuté au mois de mai alors que nous sortions de la campagne annuelle de vaccination au 30 mars.

Comment expliquer alors que la fièvre aphteuse ait gagné l’Algérie ? Toutes les bêtes n’étaient-elles pas vaccinées ?

Tout à fait. Une campagne de vaccination ne peut se faire sur 100 % de l’effectif. La norme donnée par l’Organisation mondiale de santé animale dit que si la couverture est entre 75 et 80 %  du cheptel, c’est  une campagne réussie. Les cas que nous recensons actuellement sont des animaux non vaccinés et cela a plus touché le bovin d’engraissement que la vache laitière.

Nous n’avons donc aucune crainte pour la production laitière dans les prochain mois ?

Je vais être scientifique : la fièvre aphteuse est une maladie grave pour les services vétérinaires, car c’est une maladie contraignante. Elle engendre des mortalités, des abattages et beaucoup de moyens sont mis en place. Nous travaillons pour stabiliser la situation. J’espère qu’il n’y aura pas de catastrophe.


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