Au troisième jour de l’Aïd, la pénurie de pain persiste, les autorités impuissantes

fil

Toujours la même scène dans les rues de la capitale algérienne, ce mercredi, au troisième jour de l’Aïd. Après plusieurs centaines de mètres parcourus pour trouver une boulangerie ouverte, le découragement. Des dizaines de personnes font la queue, les étagères sont vides. Plusieurs dizaines de minutes à attendre pour espérer acheter une baguette de pain.

Devant la boulangerie de la rue Reda Houhou à Alger-centre, il est même impossible de distinguer le fond de la boulangerie. Une quarantaine de clients se massent à l’intérieur en attendant d’être servis. À l’entrée, un client prévient : « Tu vois ceux qui sont devant dans la file ? Ça fait plus d’une demi-heure qu’ils sont là ».

Une quadragénaire arrive quelques minutes après nous. Elle ne cherche pas à acheter une baguette mais une Coca (pain farci à la tomate) pour déjeuner. Cette file d’attente l’exaspère. « Qu’est-ce qu’ils ont tous à faire la queue pour du pain ? Ils ne peuvent pas s’en passer ? Il y aurait moins de monde dans la queue. Moi en tout cas je vais chercher mon Coca ailleurs ! »

Quelques centaines de mètres plus loin, à la boulangerie de l’avenue Pasteur, c’est la même scène. Des dizaines de clients attendent. Et ceux qui arrivent enfin à être servis sortent avec 4, 5 voire 6 baquettes. Ce qui vide d’autant plus rapidement les stocks. Et fait attendre les clients encore plus longtemps.

Dans les supermarchés et les superettes, la recherche de pain s’avère être un vrai parcours du combattant. À moins de se lever très tôt, impossible de trouver une baguette. « Les gens achètent de grandes quantités dès l’ouverture. Et nous n’avons plus rien à vendre ensuite », déplore un vendeur dans un supermarché du centre.

Pourquoi une telle pénurie ? Prévoyant une faible consommation de pain durant les fêtes du ramadan – le couscous étant privilégié dans les foyers -, le ministère du Commerce a mis en place un service minimum dans 15 675 établissements à travers le pays, boulangeries comprises. Problème : même en consommant moins de pain, les Algériens se sont rués sur les boulangeries, craignant une pénurie… « C’est la nature du consommateur algérien. Il achète même s’il ne consomme pas. Et il craint de manquer surtout lorsque la fête de l’Aïd coïncide avec les vacances d’été », explique-t-on au ministère.

Deuxième raison à cette grande difficulté à trouver du pain : les commerçants qui n’ont pas joué le jeu du service minimum. Alors qu’une boulangerie par quartier devait rester ouverte durant les deux jours de l’Aïd, de nombreux boulangers ont préféré tirer le rideau et aller voir la famille au village. Certains seraient d’ailleurs toujours fermés, selon le ministère du Commerce. Un non-respect de la loi qui pourrait coûter cher aux fautifs : une amende de 5 000 dinars sur place, majorée à 30 000, voire à 200 000 dinars en justice si le commerçant refuse de payer. Reste à savoir si la loi sera effectivement appliquée.


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici