France, inflexion diplomatique ou rupture

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Depuis le début de l’offensive israélienne sur Gaza, François Hollande a été plutôt fluctuant dans ses déclarations. Il a déstabilisé les diplomates, ses amis socialistes et jusque dans les rangs de l’armée, tout ce monde y perd son latin.

Calculateur sans vision

Tour à tour compréhensif à l’égard d’Israël, humaniste après les bombardements contre les populations civiles de Gaza, puis appelant à un cessez-le-feu. En réalité, François Hollande est un homme que la tactique passionne. Il n’a pas de vision sur le long terme. Il est sensible aux rapports de force et s’y soumet lorsqu’il y est contraint. C’est le cas ici lorsque le 9 juillet le porte-parole du gouvernement français fait une déclaration, qu’il croit équilibrée, mettant sur le même plan les roquettes du Hamas et les représailles israéliennes. Hors de lui, Benyamin Netanyahu appelle l’Elysée et obtient que la France rectifie le « tir ». Hollande s’exécute et fait savoir par voie de presse « qu’il appartient au gouvernement israélien de prendre toutes les mesures pour protéger sa population ». Le 10 juillet le locataire de l’Elysée tente de se relancer en évoquant la « nécessité d’un dialogue ». Peine perdue, Mahmoud Abbas fait savoir qu’il faut un arrêt immédiat des bombardements. Quant à Netanyahu, il n’a pas de temps à perdre et ne réagit même pas. Erreur et échec sur toute la ligne pour la France. Dont la position dans la région s’affaiblit encore un peu plus.

Rupture

Comment expliquer ce soutien de la France à un gouvernement israélien que la plupart des pays de l’Union européenne réprouvent, et qui compte parmi ses membres des religieux extrémistes et messianiques, des ministres d’extrême droite et des ultranationalistes hostiles à toute idée de négociation avec les Palestiniens ? Ce changement dans la doctrine diplomatique de la France n’est pas nouveau. Déjà, sous Nicolas Sarkozy, on a pu mesurer les évolutions, une tendance qui, aujourd’hui, se confirme et se renforce. Ce qui ne lasse de surprendre dans les hoquets de la diplomatie française c’est que l’on ne voit pas l’intérêt que l’hexagone en retire. Ni du côté arabe, certes divisé mais de plus en plus méfiant, ni vis-à-vis d’Israël qui sait que son allié français est versatile, et donc peu fiable. Tout fonctionne comme si François Hollande cherche un point d’équilibre dans la rupture, sans aller jusqu’à la provoquer. Ce qui finalement correspond bien au caractère de cet homme parvenu à se hisser à la magistrature suprême sans avoir eu à dévoiler ses desseins réels. Si toutefois il les connaît lui-même.


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