Pourquoi Vahid Halilhodzic a choisi de quitter l’Algérie

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Vahid Halilhodzic a annoncé officiellement son départ de la sélection algérienne dimanche soir, sur le site de la Fédération algérienne de football. Il choisit de quitter les Fennecs malgré une qualification historique en 8e de finale de la Coupe du monde. Un choix légitime selon Laurent Jaoui, auteur de « Coach Vahid », une biographie sur le sélectionneur. Entretien.

Vahid Halilhodzic a-t-il eu raison de quitter la sélection algérienne malgré des résultats exceptionnels ?

Je pense qu’il a eu raison, oui. Les conditions de sa prolongation n’étaient pas réunies. La Fédération algérienne a voulu tout négocier avant le début du Mondial. Lui voulait être en position de force pour entamer les discussions. Et puis, la visite, en mars, des installations sportives algériennes par Christian Gourcuff (NDLR : le successeur pressenti à la tête des Fennecs) a rendu la situation intenable.

Cela dit, il aurait pu rester peut-être pour la Coupe d’Afrique au Maroc en janvier prochain. Avant le Brésil, il restait sur un échec à la dernière Coupe du monde en Afrique du Sud. Il aurait pu faire très forte impression, d’autant que l’Algérie fait désormais partie des prétendants au titre. Mais il y a eu des maladresses de part et d’autre. De la Fédération, mais aussi du côté parfois un peu intransigeant du sélectionneur.

Dans son message, Halilhodzic mentionne les critiques virulentes de la presse. Les médias sont-ils aussi responsables de son départ ?

La presse algérienne n’est pas à l’origine de son départ. Sur ce sujet, Vahid a toujours fait la même erreur. Dans un pays où il y a autant de titres et où le football occupe une place très importante, il faut être malin et habile avec les journalistes. Mais il a toujours joué à une sorte de « je t’aime, moi non plus » avec eux. Pour en avoir parlé avec lui au sujet de l’Algérie, il prenait très mal le fait qu’on le critique pour avoir parfois plus parlé à la presse étrangère qu’aux médias algériens. Mais Vahid a toujours eu des rapports compliqués avec les journalistes. De par son caractère, de par ses difficultés avec la langue également.

Le président Bouteflika lui a demandé en personne de rester. Pour quelqu’un qui fonctionne à l’affect, cela aurait pu marcher, non ?

Cela restera sa plus grande victoire. Le président de la République en personne accrédite son travail, valide ses trois années à la tête de la sélection. Vous imaginez, Bouteflika n’a pas beaucoup parlé depuis sa réélection. Mais il prend la parole pour Halilhodzic. Vahid s’en servira d’ailleurs. Vous voyez, on est toujours dans le personnage. Romancé et romanesque. Vahid ne laisse personne indifférent. Et ce personnage, les Algériens l’ont beaucoup apprécié.

On évoque un salaire trois fois plus élevé à Trabzonspor, le club turc où Halilhodzic devrait évoluer la saison prochaine. Quel rôle a joué l’argent dans sa carrière ?

Quand il a été joueur, Vahid a obtenu de très bons salaires. Mais parfois beaucoup moins, notamment lorsqu’il évoluait à Casablanca. Avant l’argent, il regarde surtout le défi sportif. D’ailleurs, après la Turquie, il aimerait reprendre un club français. Il n’a pas digéré son éviction du Paris Saint-Germain en 2005.

Coach Vahid, Une vie comme un roman, éditions Calmann-Levy.


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