Après l’euphorie du Mondial, les Algériens face à la dure réalité politique de leur pays

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La fièvre du Mondial et les bonnes performances de l’équipe nationale au Brésil ont été une véritable aubaine pour le pouvoir. Pendant plusieurs jours, les Algériens n’avaient qu’une seule occupation, le ballon rond, au point d’oublier les problèmes de leur vie quotidienne. Une parenthèse très vite refermée avec l’élimination des Verts en huitièmes de finale.

Une semaine après l’élimination de leur équipe nationale, les Algériens redécouvrent les réalités difficiles de leur pays, loin des exploits sportifs des Verts. Première réalité : leur Président est toujours malade et son état de santé ne s’améliore visiblement pas. Le 5 juillet, c’est en fauteuil roulant qu’Abdelaziz Bouteflika s’est recueilli au cimetière d’El Alia (Alger) à la mémoire des martyrs de la Révolution, à l’occasion du 52e anniversaire de l’indépendance. Mais le même jour, c’est le général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense qui préside la cérémonie de promotion d’officiers supérieurs de l’ANP. C’est aussi le même responsable militaire qui préside dans la foulée une cérémonie d’échange de vœux, à l’occasion du 52e anniversaire de la Fête de l’indépendance, en présence de hauts responsables de l’État, dont le Premier ministre, le président du Conseil de la Nation et celui de l’Assemblée nationale.

Habituellement, ces deux cérémonies sont présidées par le président de la République, qui est aussi ministre de la Défense nationale et chef suprême des armées. En fait, fraichement réélu pour un quatrième mandat, le chef de l’État se contente d’assurer le service minimum : recevoir quelques invités étrangers en visite à Alger, envoyer des messages de félicitations à ses homologues étrangers, etc.

Dans ce contexte, comment sont gérées les affaires de l’État ? Les rencontres entre le chef de l’État et son Premier ministre sont très rares. Les ministres ne l’ont vu qu’à l’occasion des Conseils des ministres qui ont suivi la désignation du nouveau gouvernement. Depuis, rien. Cette année, pour la deuxième fois consécutive, les fameuses audiences du ramadhan sont abandonnées. Les ministres n’auront pas l’occasion de rencontrer le Président pour exposer les avancées et éventuellement les problèmes que rencontrent leurs secteurs.

Depuis la dernière révision de la Constitution, le Président concentre presque tous les pouvoirs. Toutes les décisions ont besoin de son aval pour être validées. Résultat, en l’absence d’instructions et de directives de la part du Président, les ministres sont désemparés. Aucune décision n’est prise. Sans pouvoirs réels ni prérogatives, le Premier ministre Abdelamalek Sellal est de moins en moins audible. Même sur les dossiers sensibles, il n’a pas les pleins pouvoirs. Une illustration : sa gestion du dossier de Ghardaïa. Après avoir fait de nombreuses promesses sans lendemain, il peine à se faire entendre.

Ce dimanche, les Mozabites ont scandé lors d’un rassemblement à Alger : « Ya Sellal, Ya Sellal où sont tes promesses ? ».  Une façon de lui rappeler que soit il n’est pas crédible, soit il n’a aucun pouvoir réel. En l’absence de Conseil des ministres, aucun nouveau projet de loi ne sera validé dans les prochaines semaines. « Il faut attendre la fin du ramadhan. Le Président va examiner et valider tous les projets qui sont en gestation, notamment ceux ayant trait à l’investissement, aux PME, au commerce et à l’enseignement supérieur », tente de rassurer une source proche de l’Exécutif.

Mais une telle gestion des affaires de l’État est-elle tenable dans la durée ? Le Président semble parti pour terminer son mandat. Le pouvoir refuse en effet l’idée d’une période de transition. Mais la machine risque de se gripper très rapidement avec comme conséquence probable une paralysie des institutions de l’État.


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