Paris : les supporters algériens entre passion et déception

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Quartier de Belleville, à l’est de Paris. Difficile de se frayer un chemin dans les rues de ce quartier populaire où réside une forte communauté algérienne. Le va-et-vient des passants est permanent. Même la Coupe du monde ne semble pas beaucoup mobiliser cette année dans ce quartier pourtant très sensible au sport. Si ce ne sont les tongues vertes et bleues des passants ou les maillots brésiliens, français ou algériens timidement installés dans les boutiques de vêtements, on ne se croirait pas à la veille d’un Mondial de football.

Néanmoins, certains sujets de discussion tournent tout de même autour de l’événement. Face à son café allongé, Mohand refait le monde avec  Sofiane. Ou plutôt la Coupe du monde. « Je les aime bien mais ils sont trop proches de Bouteflika », se plaint Mohand à qui la visite du Premier ministre Sellal au centre de Sidi Moussa a fortement déplu. « Je vais suivre les matchs, mais je ne vais pas les supporter. Ils font trop de politique. »

« Il fait trop sa star Feghouli »

Un peu moins critique avec la sélection, Sofiane savoure l’idée d’aller supporter son équipe dans les bars de la capitale. Il est même prêt à sortir son drapeau algérien les soirs de victoire. « On sent qu’il y a un peu moins d’engouement. Mais en même temps, c’est la deuxième fois d’affilée qu’on se qualifie », explique-t-il. Coupe de cheveux à la mode et physique longiligne à la Bentaleb, le jeune homme de 26 ans donne ses joueurs fétiches cette année : « Brahimi, Soudani et Taider ». Sans oublier Djabou, « le phénomène ». « Tout le monde aime Feghouli. Moi je trouve qu’il fait un peu trop sa star. Et il m’a énervé à dire qu’il était épuisé après la préparation physique », ajoute-t-il, un peu agacé.

Assis à quelques tables, Abdenour, jeune trentenaire assez chic, est quant à lui curieux de voir ce que feront les Fennecs. Même s’il regrette qu’il n’y ait « que des étrangers dans la sélection ». « Certains joueurs ne connaissent même pas l’Algérie. Ça ne va rien rapporter au football local, je trouve ça un  peu triste. On est un peu loin du foot des années 70, 80 », dit-il dans un soupir.

« 4-0 pour la Belgique. Et je suis gentil ! »

À quelques rues de là, nous rencontrons Nassim. Il revient du déplacement à Genève où l’Algérie a gagné 2 buts à 1 quelques jours auparavant contre la Roumanie en amical. Et où certains des supporters algériens ont surtout brillé par leur incivilité. « 95% des supporters étaient calmes, il n’y avait que cette poignée de gens avec des fumigènes », rassure-t-il, ajoutant que « tout le monde a tenté de les calmer dans les gradins ». « Mais on sent bien que l’ambiance n’a rien à voir avec 2010. On était comme des fous après la qualification. J’ai fait le déplacement en Allemagne contre les Émirats Arabes Unis juste avant la Coupe du monde en Afrique du Sud. On chantait pendant 6h, c’était énorme. Là, il y a un peu moins de passion, on est habitués », raconte celui qui mise sur Feghouli, Brahimi et Haliche pour mener les Fennecs vers les 8es de finale.

Mais avant cela, il faudra passer les poules. Et rencontrer le grand favori du groupe : la Belgique. Et au petit jeu des pronostics, Yan, jeune habitant belge du quartier de 26 ans, ne donne aucune chance aux Fennecs. « Je n’ai pas vu l’Algérie jouer cette année, mais quand on voit qu’ils n’ont pas été fichus de marquer un but en 2010, on se dit qu’ils sont clairement en dessous ». Ce Parisien donne même un pronostic qui cloue définitivement les espoirs les Verts : « 4-0 pour nous. Et encore je suis gentil ! » Une chose est sûre, au petit jeu de l’ambiance dans les cafés de Belleville, le 17 juin prochain, les Belges risquent d’être battus à plate couture.


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