Réconciliation nationale, acte II

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En assurant jeudi devant les journalistes que le processus de réconciliation nationale était un acte civilisé et que le dossier n’était pas clos, Abdelmalek Sellal suggère-t-il que l’État est disposé à aller à une amnistie générale, comme le réclame Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNCPPDH ) ?

S’il faut se garder des conclusions hâtives, il reste que la dernière instruction du président de la République, concernant la levée de « l’interdiction de sortie du territoire national au profit de certaines personnes », peut se décliner comme un prélude à d’autres mesures qui seront annoncées ultérieurement.

« La situation des personnes concernées a été régularisée. Ces dernières rencontraient des problèmes lorsqu’elles voulaient par exemple voyager pour accomplir le rite du hadj, d’où l’importance de cette instruction présidentielle visant la levée de ces entraves bureaucratiques », a justifié Sellal. Mais derrière cette mesure, c’est un feu vert qui est donné aux anciens dirigeants du FIS dissous de se rencontrer, même à l’étranger, de se concerter et pourquoi pas de lancer une nouvelle initiative, comme l’a révélé, il y a quelques jours, l’ex-émir de l’AIS, Madani Mezrag, une des « personnalités » invitées aux consultations sur la révision de la Constitution.

Même Sellal a laissé entendre que des « lacunes » subsistent dans la réconciliation nationale. « Le projet de révision de la Constitution propose la constitutionnalisation de la réconciliation nationale qui ne se limite pas aux actions menées par l’État lors des années passées, dont le règlement des problèmes des primes et de l’emploi. Ce volet renferme encore des lacunes que l’État œuvre à combler ». « D’autres questions restent à traiter comme celle des disparus », a-t-il observé, par ailleurs. « Tous ceux ayant déposé un dossier dans ce sens ont reçu une réponse, qu’il s’agisse de renseignements ou de prise en charge financière. Cependant, il existe toujours des lacunes et le travail se poursuit », a-t-il dit.

Longtemps réclamée par Me Ksentini, réputé proche du Président, l’amnistie générale pourrait aujourd’hui être envisagée par les autorités d’autant que la situation sécuritaire interne s’est nettement améliorée et que les principaux acteurs dans la lutte contre la subversion islamiste dans les années 90, hostiles à la réconciliation, sont soit décédés, à l’image de Mohamed Lamari, ou écartés des structures de l’armée, comme les généraux Athmane Tartag et Djebar Mehenna.


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