Le plan d’action économique de Sellal est-il réalisable ?

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Dans son plan d’action présenté ce dimanche 1er juin à l’APN, le Premier ministre Abdelmalek  Sellal promet  une réduction du taux de chômage à 8,04% et une croissance à 7% à l’horizon 2019. « Nous avons déjà un taux officiel de chômage de 9,8%, donc le ramener à 8% n’est pas terrible ! Pour le taux de croissance, le FMI prévoit 3,5%, le gouvernement prévoit le double. Ce sera difficile », commente d’emblée Abdelhak Lamiri, économiste. En fait, ces objectifs sont réalisables et sont même en deçà de ce que pourrait réaliser l’Algérie, selon lui. « On peut même les dépasser si on corrige les imperfections et les problèmes de l’économie algérienne », souligne-t-il.

Parmi ces problèmes, l’économiste cite celui des ressources humaines, des modes de management des entreprises et des administrations, l’excès de centralisation et l’absence de stratégie. « Nous sommes un pays qui n’a pas de stratégie. Vous avez Malaisie 2040 ou Corée du Sud 2030 qui sont des visions à long terme des pays émergents. Nous, on a la loi de finances 2014, on a un plan d’investissements mais pas de vision », déplore-t-il. « Si on corrige ces éléments (précités), on peut avoir une croissance plus élevée que ce qu’ils préconisent, si on ne fait rien, on n’obtiendra même pas la moitié », prévient M. Lamiri.

Pour Mustapha Mekideche, vice-président du CNES, le taux de chômage peut être réduit d’une manière structurelle ou conjoncturelle. Dans le premier cas de figure, la « réduction est portée par une création massive d’emplois dans l’industrie et dans le secteur productif de façon générale ». Dans le deuxième cas, le taux est réduit par la création « d’emplois aidés » ou « d’emplois crées à l’initiative de politiques publiques », explique-t-il. « Ce que je peux décrypter, c’est que ces politiques publiques de création directe d’emplois dans l’administration vont continuer », explique-t-il.

Pour l’instant, « on poursuit dans une logique de développement de notre PIB et de création d’emplois à partir de la dépense publique ». Pour cet économiste, il est donc nécessaire aujourd’hui « d’allumer d’autres moteurs de croissance ». « Si on veut traiter le problème de façon définitive, il faut créer des emplois dans les secteurs productifs et cela nécessite une politique de réindustrialisation. Malheureusement, c’est encore très timide », poursuit-il.

Mustapha Mekideche rappelle que la dépense publique est portée par la fiscalité pétrolière qui va diminuer. « Si la croissance continue à être basée sur la dépense publique, l’Algérie ira droit dans le mur », avertit M. Mekideche.

 


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