L’examen de fin de cycle primaire : entre stress et confiserie

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C’est un policier qui encadre l’entrée du CEM Abdelmalek Temmam à Garidi, à Alger. Seuls les élèves peuvent franchir le portail les conduisant à leur épreuve de dernière année de primaire, communément appelée l’examen de 6e. La cour est grande, le portail bleu et haut reste à moitié ouvert. Sur le haut des murs de l’école, un grillage ou un barbelé. Les parents se pressent devant l’entrée pour voir partir leurs rejetons. « Je vous ai vue photographier, vous n’avez pas le droit de photographier. Arrêtez-vous là », lance un policier à une maman.

Une autre maman s’adresse à un homme à côté du policier, qui porte un badge caché dans sa poche de chemise et dont il n’apparait que le cordon jaune. « Mais oui madame, ils finissent à midi mais on ne les laissera pas sortir, c’est sûr », dit-il pour la énième fois à un parent qui s’inquiète. « Mais soyez là quand même plus tôt, à 11 h 30 », ajoute-t-il. Du coup, la maman n’est plus rassurée. Il répétera inlassablement cette même phrase à tous les parents venus s’assurer de ne pas retrouver leur enfant dehors à la fin de la première série d’examens. Les enfants sont dans la cour. Ils déambulent dans tous les sens. Ils doivent retrouver leurs noms sur des tableaux plantés dans l’enceinte de la cour. Pour savoir ensuite où ils devront se diriger.

L’examen de fin de cycle primaire se déroule en dehors de l’établissement dans lequel l’enfant étudie. Les représentants des écoles privées qui accompagnent leurs élèves au centre d’examen d’Abdelmalek Temmam n’ont pas, non plus, le droit de pénétrer. Ils sont 645 965 élèves à passer l’examen de fin de cycle primaire. Et « 81 097 enseignants sont mobilisés alors que la correction sera confiée à 15 000 autres », indique le quotidien El Moudjahid. Mieux, l’Office national des examens et concours a, selon le quotidien, « tracé un plan technique et sécuritaire afin de transporter les enveloppes des copies d’examens de fin d’année et ceci à partir de dimanche prochain. Les enveloppes seront transportées par voies terrestre et aérienne avec la participation du ministre de l’Éducation nationale, les services de la gendarmerie et la police nationale », laissant entendre qu’il s’agit là d’une mesure concernant les examens des trois paliers : Bac, BEM et fin du cycle primaire. La mesure est sérieuse, lourde, ajoutant au stress ambiant vécu par les familles et les candidats aux épreuves.

« S’il vous plait, il faut dire et répéter que cet examen de sixième n’a aucun intérêt. C’est du stress inutile. Il faut le retirer », invoque une maman travaillant dans l’administration d’une école privée. Elle n’est pas la seule à le penser. Un groupe de femmes posté devant l’école, avoue que c’est une gestion difficile et que les enfants sont bien jeunes pour subir autant de pression. Les pères prétendent être moins angoissés et s’affichent confiants. Pourtant, alors que les enfants sont entrés depuis une bonne vingtaine de minutes, de nombreux papas n’ont pas bougé de l’entrée de l’école. « Ça va les former cet examen de sixième, ça va les faire grandir un peu », estime l’un d’entre eux. Le système est ainsi fait pour ce père de famille, dont la fille vient passer l’examen. Il ne voit pas l’intérêt de remettre tout cela en question.

« S’il vous plait, j’aimerais lui donner ça », insiste une maman auprès de l’homme posté près du policier à l’entrée de l’école. Elle tient un thermos dans un sachet en plastique. « Il y a tout ce qu’il faut à l’école, tout, ne vous inquiétez pas », répond l’homme. Une autre dame réplique que les choses ont bien changé. Qu’aujourd’hui, les enfants reçoivent des bonbons, des gâteaux et même des jus le jour de l’examen. Effectivement, une table est dressée derrière le portail de l’école avec des  cartons de gâteaux dessus. En rentrant, chaque enfant a eu droit à sa sucrerie. Un homme en djellaba bleue grise n’est pas du même avis. Il tente également d’entrer à l’école pour donner un glucomètre à son fils qui l’a visiblement oublié. L’homme qui bloque l’entrée le rassure : « Ne vous inquiétez pas, il y des infirmiers ». Mais ce que veut l’homme, c’est faire parvenir le glucomètre à son fils. Ce dernier est diabétique depuis l’âge de 16 mois. Son père s’inquiète qu’il n’ait ni son insuline, ni son glucomètre sur lui. Il craint également que les surveillants l’empêchent de sortir aux toilettes ou de manger. En effet, les gâteaux font monter la glycémie de l’enfant, amené ainsi à uriner très souvent. Le précieux glucomètre est acheminé par un agent à l’intérieur de l’école. Le père est rassuré. « Il  y a bien des surveillants avec eux ? », questionne une dame. L’homme de l’entrée indique qu’il y a deux surveillants par classe. « Seulement deux ! », s’exclame-t-elle. « Ce n’est pas le Bac ! », lui rétorque-t-il. Heureusement.


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