Après avoir annoncé son rejet de prendre part aux consultations politiques autour de la révision constitutionnelle, Ali Benflis a rendu publique, ce mercredi 21, au nom de la transparence, la lettre qu’il a envoyée à Ahmed Ouyahia, chef de cabinet du président Bouteflika chargé de chapeauter ces consultations, par soucis.
Le candidat malheureux à la présidentielle du 17 avril dernier commence sa lettre en qualifiant d’ « illégitime » le régime, représenté dans ces consultations par Ouyahia. Raison suffisante, selon lui, pour discréditer tout le reste. « De la base au sommet, les institutions républicaines accusent un manque de légitimité irrécusable. Ces mêmes institutions sont frappées d’immobilisme pour une raison connue de tous », écrit Benflis dans sa lettre.
Ce manque de légitimité « est source de crise d’autorité et de confiance », ajoute-t-il.
Ali Benflis pense aussi que le régime pose « un faux diagnostic » de la situation « grave » qui prévaut dans le pays et fait des propositions « en déphasage » avec la réalité du terrain. Ce sont les arguments présentés par Benflis pour justifier son refus de participer aux consultations.
Pour l’ancien chef du gouvernement, les propositions de révision constitutionnelle suscitent, à l’analyse, « des sentiments de surprise et de frustration tant par la démarche adoptée et par la méthode utilisée que par leur contenu intrinsèque ».
Ces propositions, ajoute-t-il, « ne sont pas une réponse à l’aspiration démocratique qui s’est enracinée dans notre société. Elles ne vont pas dans le sens de l’édification d’un État de droit et ne s’assignent pas l’objectif d’élargissement des espaces de droits et de libertés. » Et, par-dessus tout, « elles éludent la crise du régime véritable à laquelle le pays est confronté ».
Pour tout dire, la révision constitutionnelle proposée, estime-t-il, « occulte plus cette crise qu’elle ne la traite. Elle contourne ses exigences plus qu’elle ne les assume pleinement et entièrement », dit-il.