Le bloc-notes de Ghani Gedoui

Angleterre, France, Qatar, USA où est votre victoire ?  La Libye est dans le chaos le plus anarchique -permettez-moi le pléonasme- tout est sens dessus dessous : du sang, des morts, des armes, des larmes… Et en face, les pays qui ont semé l’enfer dans un pays sans liberté, mais sans tragédie à l’échelle nationale, s’en lavent les mains. Au nom de la démocratie, ils ont brisé tout un peuple, tout un pays, semant le trouble dans toute la région.

La démocratie ? Mon œil ! Certes Kadhafi n’était pas un ange, mais il avait des positions qui posaient problèmes aux Occidentaux, notamment sur les questions de la Palestine et de l’Irak naguère. Peut-être excessif, sans doute illuminé, certainement halluciné, sûrement sanguinaire, mais en aucun cas chaotique comme le sont, aujourd’hui, les maitres de l’heure.

À l’époque de la curée sur la Libye, le seul dirigeant, ou du moins l’un des rares dans le monde, à ne pas hurler avec les loups était le président Bouteflika. Il avait dit, en substance, qu’il ne fallait jamais abattre un arbre sans en mesurer les conséquences pour la forêt. Kadhafi était cet arbre. Et sans lui, la Libye  est à poil. Nue et pas belle à voir. Répétons : Angleterre, France, Qatar, USA où est votre victoire ?

Vous vous en foutez ? À votre guise. Ce sont toujours les Arabes qui trinquent. Si, au moins, ils avaient l’ivresse. Au moins, cet état d’ébriété fait avaler les couleuvres !

« Kafez »

Un ministre dont on me prête le nom et l’identité -chatouillez-moi, je meurs de rire- a lancé une idée forte en l’air qui est passée inaperçue : celle de la culture du bonheur. Et oui, la culture du bonheur qui est la fille ainée de l’optimisme. On le sait, depuis Eve et Adam, que si on ne met pas de couleur dans sa tête et dans son cœur, la vie va nous paraître bien sombre. Et qu’il suffit juste de se dire -la méthode Coué a fait ses preuves- qu’on est heureux pour qu’on le soit un peu. Souriez, respirez, vous allez sentir une sorte de soulagement succédé au stress.

Mais comment être heureux si on est un éternel insatisfait en compétition avec son voisin, son ami et son ennemi ? Tel est le profil de beaucoup d’Algériens. Tout cela n’est pas de leur faute. Ils n’ont pas grandi dans une culture du mérite à laquelle aspire le même ministre, mais dans une culture de l’insulte et de la recherche du gain facile. D’ailleurs, pour quelqu’un qui flirte avec l’illégalité, on dit : « kafez » et non voleur ! Cette culture de la rapine, il faudrait l’enlever, l’extirper de force. Trop tard pour moi qui approche à grands pas du statut de septuagénaire -mais toujours vert, je vous préviens- mais peut-être pas pour quelques gars du forum dont les insultes et les outrances montrent assez leur immaturité.

Vieux par l’âge et jeune, c’est-à-dire écervelé ? Je ne sais pas. Ce que je sais, en revanche, c’est qu’il est temps de se polir, de se pétrir pour devenir meilleur, autre. Et ça, ce n’est ni l’affaire de Bouteflika, ni de Sellal, c’est votre affaire. À vous de voir dans quelle Algérie vous voulez vivre. La nerveuse, l’anxieuse, ou la belle reposante ? Ne me posez pas la question. Je ne suis plus d’ici. Je suis d’ailleurs, d’une autre Algérie, d’un autre peuple, d’un autre monde… Je sais que les jeunes ne vont rien piger à mes propos. Pas grave. Un jour, ils pigeront. Mais ce sera trop tard.

L’ami américain

Il y a quelque temps, j’étais à New York. Dans un pub irlandais, un gaillard blond, légèrement éméché me fait la conversation. À mon accent, il a tout de suite compris que je n’étais pas du pays. Curieux comme tout soulard, il voulait savoir d’où je venais. Ne voulant pas me découvrir, je répondis, sans voix pâteuse : « Maghrébin ! ». Il s’écria stupéfait et visiblement sous le charme : « Vive le Maroc ! Waou ! Non seulement vous avez St Augustin, mais aussi un gouvernement plein de femmes ! » Je restais perplexe. D’habitude, St Augustin est attribué à nos frères tunisiens. Cette fois-ci, il devient carrément marocain. De mieux en mieux. N’empêche que j’étais, quand même, surpris par « la culture » de l’Américain. D’habitude, ils ne connaissent rien du Maghreb, ou si peu. Alors d’un coup, St Augustin plus gouvernement féminin, moi je dis : mazette ! Encouragé par « les connaissances » du mec, je décidais de rectifier le tir. Alors, patiemment, gentiment, je lui expliquais qu’il se gourait sur toute la ligne et que le pays de St Augustin est le mien, l’Algérie. Et le pays du gouvernement féminin, c’est aussi l’Algérie dans la mesure où il y avait 7 femmes. D’une voix alcoolisée, au bord de l’extinction, il me répondit qu’il aimait les Marocains et, qu’à ce titre, il m’aimait bien. Mon sang d’Algérien n’a alors fait qu’un tour, aidé il est vrai par mon ami Johnny W. : « Écoute l’ami, je suis Algérien, tu piges ? L’Algérie, c’est le plus grand pays d’Afrique, c’est juste à l’est du Maroc, tu piges ? » Il me répondit avant de s’affaler sur le comptoir : « J’irai passer mes vacances à Djerba ! » Tout sauf l’Algérie. Et croyez-moi, son état n’y était pour rien. Il ne connait pas notre pays. Parce que nous-mêmes, on ne le reconnait pas ! Allez, ciao !


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