Un éditeur français accuse Yasmina Khadra

L’écrivain-Yasmina-Khadra

Jean-Jacques Reboux, éditeur français, dit avoir été « entourloupé » par Yasmina Khadra. « Je n’ai rien à lui reprocher sur le plan financier mais je parle sur le plan moral. J’en ai marre qu’il raconte des conneries sur moi ! », explique à TSA celui qui fut le premier éditeur de l’auteur des hirondelles de KaboulDans un article publié sur son blog, l’ex-directeur des éditions Après la Lune raconte sa « collaboration douloureuse » avec celui qu’il nomme au fil des lignes « le commandant Khadra ».

« Se faire entuber n’est pas chose agréable. Le reconnaître moins encore », entame-t-il ainsi son récit avant d’ajouter : « Entuber. Formule triviale, que j’emploie à dessein tant elle est en adéquation avec la rhétorique caporaliste du commandant Khadra lorsqu’il se met en colère, ce qui est fréquent, pour des raisons pas toujours dignes des nobles causes qu’il prétend défendre ».

Le début de la collaboration entre les deux hommes date de 1997 quand M. Reboux, alors aux éditions Baleine, lui publie ses trois premiers romans : Morituri, Double blanc et L’Automne des chimères.  « Les années passèrent. […] Mes contacts avec l’auteur, qui avait regagné la France en passant par le Mexique et était désormais publié chez Julliard, s’espacèrent. Jusqu’à ce que nous nous retrouvions au salon du livre de Paris », poursuit Jean-Jacques Reboux dans son article.

L’éditeur parle alors à Yasmina Khadra de son projet de maison d’édition et lui demande un texte. Chose qu’il  accepte de faire. C’est ainsi que La Rose de Blida paraît en mars 2006. En 2010, l’éditeur et l’écrivain, devenu également directeur du Centre culturel algérien à Paris, reprennent contact. Khadra le reçoit dans son bureau. « Dans le feu de la conversation, il me proposa – ô miracle ! – d’investir de l’argent dans les éditions Après la Lune, afin de leur donner un nouveau souffle », raconte-il.

L’écrivain rachète alors « les parts de la moitié de mes 26 associés » et entre  dans le capital à hauteur de 29 % en promettant « de donner un peu d’air à la SARL en lui prêtant quelques milliers d’euros puis me fit part de son vieux rêve : créer une collection de littérature qui donnerait leur chance à des écrivains algériens connus au pays mais totalement inconnus en France », souligne M. Reboux dans son article.

Outre l’achat des parts pour un montant de 5 000 euros, Yasmina Khadra n’investira que 3 000 euros pour le lancement de cette collection. « On n’aurait pas pu publier les trois livres de la collection avec 3 000 euros alors je me suis débrouillé », affirme Jean-Jacques Reboux avant d’ajouter : « Je ne lui ai jamais caché que les éditions Après la Lune ne se portaient pas bien ».

En juin 2011, l’écrivain reçoit le prix Jean Gal de l’Académie française doté de 40 000 euros, mais refuse de prêter aux éditions les « quelques milliers d’euros qu’il avait promis », se rappelle Jean-Jacques Reboux.  « L’argent, on le sait, est, avec la soif éperdue de reconnaissance, l’une des plus lancinantes fixations de Yasmina Khadra. Pas un débat, une interview où la chose ne revienne en force, alors que personne à ma connaissance ne lui a jamais reproché de gagner confortablement sa vie grâce à ses livres ».

Contacté par TSA, Yasmina Khadra commente : « On peut toujours accuser quelqu’un de ce qu’on veut quand on trahit la confiance. Il peut dire ce qu’il veut parce qu’il a déclaré faillite et qu’il ne veut pas rembourser mon argent ». L’écrivain confirme avoir l’intention d’attaquer l’éditeur en justice.

 


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici