Les Algériens savent très bien que, sans l’ombre d’un doute et sauf miracle divin, Bouteflika sera réélu pour un quatrième mandat. Tous, nous nous apprêtons à écouter un résultat le soir du 17 Avril, d’une victoire du Président sortant avec 60% des voix, comme l’a prédit l’homme fidèle du Président, Amar Saâdani qui a précisé le taux exact des voix, avant même la tenue du scrutin.
Le même résultat final sera prononcé, quelques jours plus tard, par le président du Conseil constitutionnel, lequel intronisera Bouteflika à la tête du Royaume algérien et de son peuple asservi pour une nouvelle période qui pourra durer des jours, des semaines, des mois, ou même des années. Dureront ainsi le pouvoir absolu et la corruption absolue qui bénéficient de cette situation. Ainsi, l’injustice, le despotisme et le sentiment d’oppression se verront pérennisés chez les Algériens, qui n’auront qu’à ajourner leur rêve d’une nouvelle Algérie. De ce fait, le désespoir se généralisera, le fossé entre les différentes parties du peuple s’approfondira et l’Algérie sera encore plus vulnérable aux dangers politiques et sociaux, difficilement gérables.
Ceux qui entourent le Président vont trouver une manière de résoudre l’équation de la prestation de serrement. En dépit de sa prestation, debout, obligatoire pour quelques secondes lors de la réception de John Kerry, on s’attend à une nouvelle fatwa qui autoriserait le Président d’exercer ses fonctions sans que cela ne soit précédé d’une prestation de serrement. Ou bien pourraient-ils encore nous fabriquer des photos ? (dont certains disent qu’elles sont en cours de montage dès maintenant et qu’elles seront diffusées à partir du 17 avril, comme poursuite du feuilleton de manipulation de l’Algérie, de son peuple et ses institutions).
Après le 17 Avril, le Président continuera à être occulté de la scène, comme cela a été le cas depuis peu de temps, ou plutôt, sa séquestration se poursuivra dans un lieu que seuls quatre personnes connaissent. Le sort des Algériennes et des Algériens continuera, par conséquent, d’être entre les mains de l’étroit entourage du Président, loin de tout contrôle et dans l’impunité, uniquement par l’alliance avec la mafia financière. Ce gang continuera à gouverner l’Algérie par procuration, à contrôler les souffles des esclaves et à tirer les ficelles du pouvoir ainsi que les mécanismes des institutions.
Au lendemain du 17 Avril, la bataille interne des partisans du quatrième mandat va atteindre son paroxysme autour de la répartition des butins pour décrocher des postes et des prérogatives promis par les ministres, les responsables et les ambassadeurs qui forment l’entourage du Président. Certains d’entre eux vont décrocher des affaires et bénéficieront de toutes les facilitations qui leur accéléreront la voie de la richesse, du pouvoir et du contrôle des gens. Ceux qui ont spolié l’argent du peuple, bénéficieront également de toutes les protections juridique et politique dans la couverture de leurs crimes commis à l’encontre de l’économie nationale. Le clan du Président continuera à diviser le peuple et les collectivités et se vengera de tous ceux qui se sont opposés au quatrième mandat, en les punissant, comme il a fait lors des élections de 2004. Les opposants seront même poursuivis parce qu’ils auront refusé de courber l’échine et de capituler et seront restés fidèles à leurs principes, non pas par haine d’une personne, mais par amour de leur patrie et par la volonté de libérer l’Algérie de la bande qui s’est accaparé le pays et ses institutions.
La nuisance portée à l’institution militaire et au service de renseignement notamment, se poursuivra à travers l’envoi de ses cadres à la retraite ou leur transfert devant les tribunaux, comme cela a été le cas dernièrement pour certains généraux. Ce sera le sort réservé aussi à toute personne montrant des signes de réserve ou d’hésitation, dans une démarche d’appropriation des dernières forteresses de la souveraineté nationale qui protège le peuple. L’équilibre national se verra, de ce fait, vaciller et la société sera plus vulnérable et susceptible d’explosion, car le despotisme mène obligatoirement à plus d’asservissement, étant l’ennemi de la liberté et de la justice, surtout, quand l’ignorance prévaut sur le savoir et l’ego sur la raison.
La plupart des pronostics montrent que certains candidats vont abdiquer devant le fait accompli, mais que Benflis ne se taira pas comme il a promis de le faire. Il dénoncera la fraude et le vol des voix. Ses partisans pourront même s’autoproclamer vainqueurs avant même l’apparition des résultats finaux, étant convaincus que les résultats qui seront annoncés ne seront pas valables et que la volonté populaire sera violée une fois encore, alors que le Président et ses valets n’imagineront pas d’autre président que Bouteflika, tant que ce dernier est en vie !
Idem pour les opposants au quatrième mandat, ils sentiront une grande amertume et une désolation au lendemain du 17 avril, pour avoir raté une véritable opportunité de changement pacifique. Leur sentiment d’être étrangers dans leur pays va s’accroître par la force de l’exclusion à laquelle ils seront confrontés et par leur conscience que l’État demeure l’otage des groupes d’intérêts, d’oppression et d’asservissement et leur conscience que l’Algérie de Bouteflika continuera à être un lieu impossible à vivre, refusant tout renouvellement et progrès. Un lieu où le suicide devient une obligation et un devoir pour chacun d’entre nous et un moyen pour en finir avec l’injustice, la corruption, la mal vie et les bandes qui se sont emparées des cerveaux des Algériens et de leurs richesses.
La bataille des libres Algériens au temps des esclaves et des oppresseurs ne s’achèvera pas le 17 Avril, ni au lendemain de ce jour, car Bouteflika et ses partisans n’auront point d’aptitude pour apporter quoi que ce soit à l’Algérie et aux Algériens, mais ils doivent prendre conscience, dans leur ensemble, qu’en dépit de l’existence répandue de l’injustice, cette dernière ne pourra triompher et perdurer à long terme !