Pourquoi l’économie est-elle absente de la campagne électorale ?

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Mustapha Mekideche, économiste, est membre du Conseil national économique et social (CNES). Il analyse l’absence des sujets économiques dans la campagne électorale de l’élection présidentielle.

Pourquoi l’économie est-elle la grande oubliée de la campagne électorale ?

Dans les élections de façon générale, l’objectif est de gagner. Donc, il faut avoir le maximum de voix en satisfaisant tous les groupes sociaux. Il est difficile de parler des sujets qui fâchent. C’est pour cela qu’on constate dans les discours, des tonalités généralistes et populistes. On peut entendre des candidats insister sur la construction des institutions par exemple en reléguant au second plan les aspects économiques. Cela étant dit, les vrais problèmes restent posés en l’absence d’un débat contradictoire sur les approches programmatiques. Il y a, à l’évidence, un manque d’offres alternatives de nature à installer l’économie algérienne dans un sentier robuste de croissance même s’il y a des coûts à identifier et à répartir car il y a un devoir de vérité. Les occulter ne mènera pas loin

Quels sont ces sujets qui fâchent ?

La rationalisation des modèles de consommation par exemple n’est pas un thème très mobilisateur en termes de voix. Vous ne trouverez aucun candidat qui vous dira qu’il faut faire des révisions tarifaires. Et cela malgré le gaspillage qu’on constate par exemple en matière de carburant. Donc, il n’est pas question de parler des prix. Parmi les sujets qui fâchent figurent également les transferts sociaux. On ne peut parler de la nécessité de revoir leur efficacité même s’ils sont une source de gaspillage aussi. Envisager des réformes en matière d’organisation des marchés pose également problème puisqu’il faut avoir le courage de régler le problème du marché informel. Aucune diversification de l’économie n’est possible sans une politique ferme et assumée de substitution  aux importations c’est-à-dire de réduction drastique des importations inutiles et contrefaites à 60 %. Cela suppose un positionnement clivant par rapport aux lobbies de l’import/import et de leurs relais internationaux. Cela implique aussi de négocier notre insertion internationale à ces conditions. C’est difficile mais faisable

Quelles mesures devrait prendre le prochain président ?

Prendre  en charge en priorité ces  non-dits de la campagne sinon les coûts à moyen terme seront difficiles à absorber à la fois par l’économie et par la société algérienne. Je pense qu’il faut d’abord une visibilité sur les questions liées à l’investissement en général et à l’investissement public en particulier. Il faut déterminer les priorités et faire des choix. Il est nécessaire de faire plus attention aux finances publiques, on ne peut pas continuer à augmenter les investissements publics sans les rattacher à la réalité du terrain.

 

 


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