La pénurie de lait a laissé place à certaines pratiques « peu scrupuleuses » de la part de commerçants, a-t-on appris de Mustapha Zebdi, président de l’Association algérienne pour la protection des consommateurs (Apoce).
Selon M. Zebdi, une dizaine de plaintes émanant de citoyens dénonçant la vente forcée ont été reçues par l’Apoce. Il s’agit d’une forme de « chantage » exercée par les commerçants et héritée des années 1980. « Pour avoir deux sachets de lait, le client est obligé d’acheter en plus un sachet de lait caillé ou même du lait en boite qui peut coûter jusqu’à 100 DA », explique M. Zebdi.
Abdessamed, habitant la région de Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira, nous explique au téléphone, que toute la région souffre de ce problème récurrent depuis des mois. « Les commerçants nous obligent à acheter du lait de vache qui coûte 50 DA le litre, pour nous vendre un sachet de lait de 25 DA », nous confie-t-il. Ahmed, fonctionnaire vivant à Tadmait dans la wilaya de Tizi-Ouzou, explique que les gens de la région souffrent de ce genre de pratiques depuis presque six mois. « Nous sommes obligés d’acheter du lait de vache ou du lait caillé contre un sachet de lait de 25 DA. C’est soit ça, soit rien », dit-il en colère.
Les commerçants accusent les industriels et les distributeurs
Selon M. Zebdi, différentes wilayas du pays, dont Blida et Alger, pâtissent de ce problème. Contacté, Tahar Boulenouar, président de l’Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCAA), confirme ces pratiques mais défend les commerçants. Selon lui, les commerçants seraient également « des victimes ». « Ce sont les producteurs et les distributeurs qui font la loi », selon lui. Il explique que les producteurs obligent les distributeurs à acheter d’autres produits avec le lait en sachet de 25 DA.
« Pour acheter du lait en sachet, le distributeur est obligé de prendre d’autres produits laitiers difficiles à la vente », argumente-t-il. C’est ce que nous a, par ailleurs, confirmé Abdellah, un distributeur. « Pour 1 500 sachets de lait, le producteur nous impose entre 200 et 500 sachets de lait caillé ou une centaine de boites de lait pasteurisé », dit-il.
Le président de l’UGCAA lance, à cet effet, un appel aux autorités afin d’interdire aux producteurs et distributeurs ce genre de pratiques. « Le client, le commerçant, ou le citoyen ont le droit de choisir le produit qu’ils veulent, la quantité qu’ils veulent et la loi leur garantit ce droit », veut-il croire.