Pouvoir – Cevital : la réconciliation ?

issadune-2535063-jpg_2175060_434x276

On les croyait fâchés. On les retrouve sur la même scène. Celle du Palais des Nations, au Club des Pins d’Alger. Eux ? Issad Rebrab et Amara Benyounès. Ou plutôt : le patron de Cevital et le gouvernement. Il y a presque un an, le premier s’emportait contre ceux qui « intoxiquent les décideurs » et bloquent leurs projets. Furieux, Issad Rebrab claquait alors la porte du FCE, provoquant une violente réaction du ministre de l’Industrie Abdesselem Bouchouareb.

Un an, une éternité ! Depuis deux semaines, Issad Rebrab et le gouvernement semblent avoir retrouvé le chemin de la bonne entente. Un rabibochage en deux temps. Le premier, le 19 mars, lorsqu’Amara Benyounès a visité le complexe géant de Béjaïa. « C’est la première fois qu’un ministre se rend chez Cevital » notait un élu. « Une façon de tourner la page du passé » abondait un autre.

Une visite symbolique ? « Je ne vois pas, nous confiait alors Amara Benyounès. Ou à la rigueur celle de venir voir une très bonne entreprise privée algérienne après avoir rendu visite à des entreprises publiques ». Le même assurait qu’il n’y avait aucun problème entre le gouvernement et Cevital, tandis que des responsables locaux relevaient qu’Issad Rebrab ne s’était pas donné la peine d’accueillir Amara Benyounès sur le perron de son usine alors qu’il était présent quelques jours plus tôt pour la visite de l’ancien ministre français Arnaud Montebourg. « En ce moment, Issad est plus souvent en Italie qu’en Algérie », justifie son entourage.

Pas rancunier pour un sou, Amara Benyounès invite le patron de Cevital à prendre la parole quelques jours plus tard, en ouverture des Assises du Commerce Extérieur. C’est l’acte deux de la réconciliation. A la tribune, Issad Rebrab prend la parole : « Pour commencer, permettez-moi de remercier Monsieur le ministre pour l’organisation de cet événement d’actualité. Merci Monsieur le ministre. » Et de se lancer dans un plaidoyer pour l’entreprise algérienne, la sienne surtout : « On peut produire selon les normes internationales. En qualité et en quantité (…) Cevital a fait passer notre pays d’importateur à exportateur dans pratiquement toutes ses activités ».

Mais derrière les satisfécits et sourires de façade pointent les reproches. « Quand il y a une volonté politique, les problèmes techniques sont faciles à régler », souligne Issad Rebrab, avant d’expliquer que Cevital pourrait exporter un million de tonnes de sucre par an au lieu des 500 000 tonnes actuelles si le port de Béjaïa était moins saturé. Le même met en garde le gouvernement : si le prix du pétrole ne se reprend pas et que la croissance démographique se maintient, « nous risquons la cessation de paiement en 2025. Nous serons alors 50 millions d’Algériens ».

A la tribune, Amara Benyounès reste impassible. En coulisses, un député se félicite de l’aubaine que représente la chute des cours du pétrole : « Cela va permettre de redonner des marges de manœuvre au privé, débureaucratiser, débloquer des projets, et moderniser, au fond, notre économie. » « Il est temps de libérer l’entreprise algérienne » insiste en écho Issad Rebrab, qui réclame que l’entreprise soit respectée pour les gens qu’elle emploie, les devises qu’elle ramène et sa contribution en recettes fiscales pour l’Etat.

Au déjeuner, Issad Rebrab est convié à la table d’honneur. Celle des ministres. Assis entre Ramtane Lamamra, chargé des Affaires étrangères, et Abdelouahab Nouri, chargé de l’Agriculture. En face de lui : Amara Benyounès. Les témoins décrivent une ambiance beaucoup plus détendue que lors du dîner à Londres, mi-décembre. Les mots d’amour sont là, ne manquent plus que les preuves désormais.


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici