ENTRETIEN. Jean-Marc Minéo, réalisateur : « Dans mon film l’Algérien est un héros »

portes du soleil

Le réalisateur du film d’action algérien « Les portes du soleil : Algérie pour toujours » présentait il y a quelques jours son film à Alger. Déçu des critiques, il a souhaité défendre son film. Entretien.

Vous réalisez le premier film d’action tourné en Algérie. Pourquoi avoir choisi notre pays ?

Comme je l’avais déjà dit au cours de la conférence de presse, j’ai des liens familiaux avec l’Algérie. Au-delà de cela, c’est la rencontre avec Zakaria Ramdane qui a tout déclenché. Il m’a proposé de venir en Algérie pour tourner ce film. Il faut savoir que j’étais venu il y a 10 ans en Algérie. J’avais aussi trouvé le pays magnifique avec des paysages différents. Je préfère privilégier la nature dans mes films, d’ailleurs c’est pour ça que j’avais choisi Bangkok pour mon premier film.

Comment s’est fait le choix de ce genre de film ?

Je n’ai pas la prétention de connaître la société algérienne. Mais d’après ce que j’ai vu ici, je sais que les jeunes algériens aiment beaucoup les films d’action. D’ailleurs, lorsque j’étais à Oran, j’ai vu mon film Bangkok Kung Fu qui était vendu par centaine dans un magasin de dvd. Je me suis dit, peut-être naïvement, qu’il leur fallait un film dans lequel ils pourraient s’identifier. J’ai, également, pensé aux Algériens qui vivent en France, ils ne voient jamais leurs films à l’écran.

Parlez-nous du casting du film. Il a été jugé étonnant notamment l’intervention furtive de Mike Tyson, qui n’a pas été comprise

Pour Mike Tyson, je voulais faire un clin œil. Evidemment Mike Tyson n’a rien à voir avec l’histoire du film. Je voulais faire comme dans le film Very Bad Trip, dans lequel Mike Tyson fait une apparition, où il joue son propre rôle. Dans mon film il fait la même chose, j’ai profité de sa tournée mondiale pour la promotion de son livre. D’ailleurs, dans le film il explique qu’il est à Oran pour son livre. L’idée est d’intégrer une réalité au milieu d’une fiction. C’est comme s’il avait traversé l’écran, c’est de « l’action hero ».

On sent la volonté de s’ancrer dans une réalité algérienne. Les références historiques, les dialogues, les personnages. Comment avez-vous travaillé pour tenter de coller à l’Algérie ?

Je suis venu 5 mois en Algérie pour parler aux jeunes, essayer de les comprendre. Ma présence m’a permis d’apprendre ce que les Algériens aimaient et voulaient voir. Il y avait un trait commun dans ce qu’ils me racontaient. La plupart étaient déçus de voir constamment « l’Arabe » du film présenté comme un méchant. Dans mon film l’Algérien est un héros. Ils souhaitaient aussi voir les lieux où ils vivent sur grand écran.

Kung-fu, indépendance de l’Algérie, OAS, et effets spéciaux. Pourquoi ce mélange ?

Je reconnais que mon film est un peu un ovni en Algérie. Le film d’action ne peut exister si toutes les 30 et 50 secondes il n’y a pas d’action. Il y a toujours le risque que la tension retombe.

J’ai choisi cette réalisation, ce sujet, afin qu’ils parlent à tout le monde. Les références à l’histoire algérienne permettaient de parler de ce film à l’international. J’ai choisi de rattacher le personnage du méchant à l’OAS, car je voulais montrer un homme motivé par une idéologie. Il ira toujours plus loin qu’un personnage qui agit uniquement pour l’argent. C’est le moyen de poser un méchant comme un vrai méchant, car on a du mal à concevoir le retour de l’OAS, c’est juste impossible.

Vous n’avez pas apprécié certaines critiques de votre film, notamment celle de TSA, pourquoi ?

Je ne vais pas dire que j’ai fait le film parfait, je dois encore m’améliorer. Mais cela m’a étonné que l’on me reproche de mettre trop d’actions et combats. C’est l’esprit du film donc il n’y a jamais trop d’actions, c’est le principe. Concernant le dialogue que vous jugez « un peu pauvre », vous devriez regarder les autres films américains, c’est la même chose. On ne peut pas en mettre trop dans ce type de film, on doit privilégier les scènes d’action, les dialogues sont là pour les souligner.

Je sais que même ma façon de réaliser n’a pas été comprise. Je voulais tourner des plans comme le réalisateur Toni Scott, avec des plans très saccadés, pour donner un côté punchy. C’était ma façon de faire rentrer les spectateurs dans le paysage algérien. Quand vous ne connaissez pas l’Algérie au début vous avez ce ressenti, beaucoup de monde, d’actions très différentes. C’était mon intention visuelle. Quant au suspens, je pense pas qu’il soit trop travaillé. On ne dévoile rien, on donne des indices, et pour la scène finale je vous mets au défi de les connaître.


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