Corruption à Sonatrach : Mohammed Meziane parle et accuse

mohamed meziane

L’ex-PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, nie son implication dans l’affaire Sonatrach I à quelques semaines de son procès, prévu le 15 mars.

Il s’est confié à El Watan, ce mercredi 18 février. Le journal décrit Mohammed Meziane comme étant « détruit et terrorisé ». Il nie toute implication dans l’affaire de corruption de la compagnie.

«Tous les contrats pour lesquels je suis poursuivi ont été traités et étudiés par le comité exécutif et les commissions des marchés. Je n’ai fait qu’appliquer la procédure interne, qui est la R15. Aucun des 247 témoins interrogés par le juge d’instruction n’a trouvé à redire sur ma gestion, qui était la plus transparente mais aussi celle qui faisait participer les cadres dans toutes les décisions. Comment se fait-il qu’aujourd’hui, je me retrouve chef d’une association de malfaiteurs ?», affirme-t-il.

M.Meziane a évité tous les détails ayant trait à l’affaire Sonatrach. Ne donnant aucun nom, il se contente d’évoquer «la conscience des uns et des autres».

« Je ne connaissais pas Farid Bedjaoui »

Concernant ses liens avec le ministre Chakib Khalil, M. Meziane exlique que c’était une relation de respect qui les liait. «Je suis du genre qui respecte beaucoup sa hiérarchie. Même si je ne m’entendais pas avec le ministre, je lui vouais tout le respect. Je savais qu’il ne voulait pas de moi puisqu’en 2008, on m’a clairement signifié qu’il avait l’intention de me remplacer. Mais je faisais mon travail normalement. Je recevais ses directives et ses instructions par écrit et par téléphone. Il était informé de tous mes actes de gestion, par les courriers que je lui adressais, mais surtout par les comptes rendus qui lui parvenaient de mon chef de cabinet, Réda Hameche.».

Réda Hameche, impliqué dans l’affaire Sonatrach II  » a été nommé par le ministre et n’avait de compte à rendre qu’au ministre. Son bureau, au fond du couloir, lui permettait d’avoir l’œil sur toutes mes allées et venues, mais aussi sur toute personne qui venait me voir. Il recevait mon courrier alors qu’il y avait un secrétaire général pour assumer cette fonction. Il agissait au nom du ministre », explique M. Meziane, Hameche «était comme un électron libre» au sein de la compagnie.

Concernant Farid Bedjaoui, l’ex-PDG explique qu’il ne l’a jamais connu. « Je ne l’ai jamais connu. J’ai lu son nom et j’ai vu son visage dans les journaux… ».

« Des choses auraient pu se passer à haut niveau »

Rejetant encore une fois toute responsabilité, M.Meziane estime que « des choses auraient pu se passer à haut niveau » sans qu’il en soit informé. Il ajoute : « C’est vrai que j’avais quelques soupçons, rien que des soupçons, pas de preuves formelles sur des choses qui auraient pu se passer à plus haut niveau, à propos de certains contrats, mais rien de plus. Maintenant, quand je lis les comptes rendus de la presse, je suis surpris mais pas étonné. »

L’ex P-DG de la compagnie nationale illustre : « Tous les contrats passaient par des avis d’appel d’offres. Nous recevions de nombreux soumissionnaires, mais en cours de route, nombre d’entre eux disparaissaient.On se retrouvait avec seulement deux ou trois soumissionnaires. Parfois, nous étions obligés à ne pas refaire un autre avis d’appel d’offres en raison soit de l’urgence, soit de la complexité du marché. Souvent, c’était le ministre lui-même qui nous instruisait de ne pas refaire la procédure d’avis d’appel d’offres et de continuer avec les soumissionnaires qui restaient. Mais, je prenais cela comme une décision liée à l’urgence, pas plus ». M. Meziane a donné plusieurs exemples qui se sont passés lorsqu’il occupait sa fonction.

Mohammed Meziane crie au complot. « Nous sommes victimes d’un règlement de comptes », dit-il, avant d’ajouter : « Nous avons fait les frais d’une lutte d’intérêts à un très haut niveau. Les enjeux peuvent être autant politiques que financiers ».


Pour commenter nos articles, rendez-vous sur notre page Facebook,
en cliquant ici