Comprendre le chaos libyen

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La Libye continue de sombrer dans le chaos. Après la décapitation par l’Etat Islamique (Daech) de 21 Egyptiens de confession chrétienne copte, le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a appelé la communauté internationale à « travailler ensemble pour battre le terrorisme ». De plus, il a réclamé un appui militaire pour contrer l’avancée de l’Etat Islamique en Libye.

Le Président égyptien a prévenu sur les ondes d’Europe 1 que le contrôle par Daech de certaines villes libyennes, comme Derna par exemple, est une menace non seulement pour la région, mais également pour l’Europe. Al-Sissi a réclamé d’urgence une résolution de la part du Conseil de sécurité de l’ONU. Selon lui, l’opération qui a abouti à la chute de Mouammar Kadhafi en 2011 n’a pas été menée à son terme par l’OTAN, notamment par la France. La situation géopolitique en Libye est extrêmement confuse ; les luttes tribales rendent complexes toute simplification outrancière de la situation.

Concrètement, trois acteurs majeurs se partagent aujourd’hui la Libye et se disputent le pouvoir depuis mai 2014. En premier lieu se trouve ce que nous nommerons le pouvoir central libyen sous le contrôle de la Chambre des représentants et surtout de l’Armée nationale libyenne. C’est l’entité reconnue généralement par la communauté internationale. Le pouvoir central contrôle la majorité du territoire libyen, même si son influence est principalement marquée à l’est du pays. Ce pouvoir siège dans la ville de Tobrouk, à plus de 1000 km à l’est de Tripoli, proche de la frontière égyptienne. Le pouvoir central est soutenu par l’Égypte, les Émirats Arabes Unis, l’Italie et les États-Unis.

En deuxième lieu se trouve le Congrès Général National (CGN), qui contrôle l’ouest du pays et notamment Tripoli, première ville du pays. Le CGN est sous le contrôle de la branche libyenne de l’organisation des Frères Musulmans. Initialement, la Libye était gouvernée par le CGN que les islamistes contrôlaient depuis l’élection de Nouri Bousahmein à sa présidence. En décembre 2013, le CGN a voté l’instauration de la charia et a refusé de céder sa place à la fin de son mandat électoral en décidant de prolonger de manière unilatérale ses prérogatives. C’est suite à ces évènements que de nouvelles élections ont été organisées sous la pression de l’armée libyenne, causant ainsi la scission entre les deux camps, avec les islamistes d’un côté et l’armée de l’autre. Le CGN est soutenu par le Qatar et la Turquie.

Viennent enfin les mouvements islamistes radicaux. Parmi eux, la branche libyenne de l’État Islamique. Née des dissensions au sein des islamistes et composée des factions les plus extrémistes, les zones sous le contrôle de Daech sont parsemées au sein du territoire libyen. Grâce au chaos ambiant, son territoire continue de s’accroitre progressivement. L’EI contrôle principalement les villes de Derna et Syrte, et il maintient une présence à Benghazi ainsi qu’à Ajdabiya.


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