Le docteur Mohamed Bekkat Berkani vient d’être réélu président de l’Ordre national des médecins pour un mandat de quatre ans.
Vous venez d’être réélu à la tête de l’Ordre national des médecins. Quelle est votre réaction ?
Les élections, au niveau national, ont eu lieu vendredi dernier. J’ai été élu, à l’unanimité, pour un mandat de quatre ans. Les représentants m’ont renouvelé leur confiance. L’ordre des médecins a contribué à défendre les intérêts de la médecine en Algérie afin de promouvoir cette profession.
Comment évaluez-vous le secteur de la santé actuellement ?
Depuis la venue d’Abdelamlek Boudiaf à la tête du ministère de la Santé, il y a une évolution qualitative de la situation professionnelle des médecins. Les médecins ont eu un certain nombre d’avancées sociales. Sur le plan de la santé privée, une réflexion a été menée avec l’ordre des médecins afin de réglementer son exercice.
Quel est le plus grand problème auquel fait face le secteur de la santé?
Le secteur de la santé est doté d’une enveloppe financière assez importante, mais il y a un problème de gestion qui est responsable du dysfonctionnement du système de santé en Algérie.
Le Sud n’attire pas les médecins. Pourquoi ?
C’est un problème récurrent. Les confrères, notamment les spécialistes, ne veulent pas aller travailler dans des régions assez inhospitalières, comme le Sud. Les autorités avaient institué le service civil, mais ce n’était pas une solution. Ce sont des mesures qui sont inégalitaires, dans la mesure où si on veut avoir une carte sanitaire correcte il faut donner à ces médecins de bonnes conditions socio-économiques, c’est à dire, un bon salaire, un logement plus que décent, entre autres.
Le ministre des Finances n’a pas écarté la possibilité que les soins deviennent payants dans les hôpitaux publics. Qu’en pensez-vous ?
L’Algérie rentre dans une période économique difficile et doit donc compter ses sous. Elle doit avoir une politique de projection financière. Dans l’esprit des pouvoirs publics, il est hors de question de se dégager de la prise en charge du citoyen. Maintenant, si le citoyen est un assuré social, c’est la sécurité sociale qui le prend en charge. Pour les citoyens démunis, et non assurés, c’est aux collectivités locales, dont le ministère de la solidarité, de les prendre en charge. Il y a une catégorie qui n’est ni démunie, ni assurée, c’est tout à fait logique qu’elle paye ses soins. Beaucoup de gens qui ont des moyens financiers bénéficient gratuitement de soins devant des gens démunis, ce qui est injuste.
Nos hôpitaux disposent-ils de suffisamment de lits ?
Je ne pense pas. L’État a lancé un programme de réalisation de plusieurs hôpitaux modernes à travers les grandes villes afin de remplacer et d’abandonner les vieux hôpitaux budgétivores, éparpillés en pavillons.
Faut-il fermer les anciens hôpitaux ?
Lorsqu’on aura des hôpitaux modernes et performants, les anciens hôpitaux pourront être transformés en musées ou garderies. Ils pourront être carrément vendus à des promoteurs immobiliers. Ils seront inutiles.