Chaque jour qui passe nous conforte dans notre conviction que le pouvoir en place en Algérie se comporte avec nous avec mépris et n’hésite pas à user de divers moyens pour se jouer du peuple et aliéner tous ceux qui s’opposent à lui.
Nous sommes encore plus convaincus que ceux qui menacent la stabilité du pays ne sont pas les mains étrangères ou l’opposition politique interne, ni les islamistes ou les laïcs, encore moins les amazighs ou les ibadites, ni nos concitoyens du sud ou les protestataires des secteurs de la santé, de l’éducation, de l’habitat ou tous ceux qui condamnent la hogra, les malversations ou la médiocrité qui prévalent dans tous les secteurs.
Ceux qui menacent la stabilité du pays et l’avenir des futures générations sont les ratés qui gèrent les affaires de l’Etat. Ce sont ceux qui justifient et excusent leurs échecs et restent malgré tout à leurs postes, malgré tous leurs échecs politiques, économiques et sociaux. Ils n’hésitent pas à marginaliser ceux qui les critiquent et à exclure toute personne osant les contredire dans un scénario de vengeances et règlements de comptes. Ce qui, indéniablement se répercute sur le moral et les différents secteurs.
A chaque fois que la Kabylie se soulevait et que nos concitoyens réitéraient leurs revendications légitimes pour que le Tamazight soit langue nationale et exiger plus de libertés et une vie décente, une machine de propagande leur faisait face pour les accuser de racisme, de régionalisme et de tentative d’atteinte à la stabilité du pays.
Idem pour les ibadites de Ghardaïa et le soulèvement populaire en cours dans diverses villes du sud où la population est sortie pour exprimer son rejet de l’exploitation du gaz de schiste et de la vie rude qui prévaut malgré toutes les ressources et les richesses qui se trouvent sous leurs pieds. L’indécence et le ridicule sont allés jusqu’à insulter leur intelligence et leur amour propre pour invoquer la main étrangère en accusant la population de conspiration avec l’étranger…
Quand l’opposition s’accorde à s’exprimer d’une seule voix, pour parler de l’échec du régime en place et la nécessité d’un changement de système, et quand le mouvement islamiste ou la gauche et les démocrates montent au créneau pour crier à la fraude électorale, au bâillonnement des libertés et à l’échec dans la gestion des affaires du pays, ils sont accusés d’atteinte à l’ordre public, de menace à la stabilité du pays et d’entrave au processus démocratique. Ils sont accusés de s’opposer à la volonté du peuple qui aurait choisi un président invalide qui n’est ni vu ni entendu et se complaît devant toute forme de vol, de malversation, de corruption et de régression, tous secteurs et domaines confondus.
Quand les policiers, les imams, les étudiants et les professeurs d’écoles et d’universités ainsi que les fonctionnaires de l’éducation et de la santé protestent contre leurs conditions de travail déplorables, des voix s’élèvent pour les accuser de perturbateurs et de semeurs de troubles, de tentative de déstabilisation avec objectif de déclencher un printemps arabe en Algérie.
En réalité, la paix et la stabilité dont ils parlent est celle qui leur permet de se maintenir en place, de piller les richesses du pays et de protéger leurs acquis illégitimes, accumulés tout au long du règne de Bouteflika où une nationalisation et une généralisation de la corruption a fait surgir une nouvelle classe de responsables, qui font front pour empêcher tout changement.
Les émigrés et les expatriés n’ont plus le droit d’exprimer leurs préoccupations à l’égard de leur pays et de sa situation, car craignant d’être traités d’espions de la France ou de vendus du Qatar ou des Etats-Unis. On les traite de traîtres et on leur interdit toute référence au pays car n’y vivant plus. On les accuse de travailler pour des services étrangers alors que ceux qui colportent de telles accusations sont ceux qui nuisent aux intérêts du pays en cédant sur les valeurs et les acquis tant défendus devant la France et les Etats-Unis.
Ce que je viens d’énumérer est le sort réservé à ceux qui s’opposent au système en Algérie. Le sort de ceux qui critiquent leurs pratiques. Cependant, quand le pouvoir et ses serviteurs parlent, ils limitent le pays à un seul homme en la personne du Président et donnent l’impression qu’ils aiment ce pays et le défendent plus qu’aucune autre personne. Ils monopolisent le pouvoir sachant que ce sont eux qui intentent à la stabilité du pays et à son unité et nuisent à l’avenir des générations à venir, à travers leurs comportements d’exclusion puérile et leur haine contre toute personne qui s’oppose à eux.
Cette nouvelle classe a adopté un mode d’intimidation et de méfiance à l’égard des hommes de bonne foi qui osent critiquer le pouvoir absolu de l’entourage du Président, qui osent dénoncer le régionalisme et le pouvoir de l’argent, loin des institutions et des lois de la République.