Accès aux devises : les Algériens inégaux face au système de change

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« Comment suis-je supposé voyager avec 130 euros par an ? ». Voici en substance la question que se posent les Algériens lorsqu’ils désirent partir à l’étranger. Le thème de la convertibilité du dinar continue d’être abordé régulièrement. Les opposants à la convertibilité, le gouvernement et la Banque d’Algérie au premier plan, avancent le risque de fuite des capitaux comme principal argument pour limiter les sommes converties. Les partisans de la convertibilité affirment le contraire : un dinar convertible sera bénéfique à l’économie.

En attendant de trancher ce débat économique, c’est la question de l’égalité des Algériens face à l’accès aux devises qui se pose. Un exemple suscite beaucoup de critiques, quand on compare aux pays voisins.

Financer les études à l’étranger

En effet, la Tunisie et le Maroc, qui disposent pourtant de réserves de change moindres que l’Algérie, autorisent une allocation touristique d’environ 3000 euros par an, soit plus de vingt fois la somme maximale autorisée en Algérie. Mieux encore, la Tunisie et le Maroc offrent la possibilité de transférer près de 1000 euros par mois comme frais de séjour pour leurs étudiants à l’étranger, et permettent de transférer les frais d’inscription et d’études conformément aux montants fixés par l’établissement d’enseignement.

http://www.douane.gov.tn/index.php?id=187

L’Algérie en revanche n’offre aucune de ces possibilités pour les étudiants. Ces derniers et leurs familles n’ont d’autre choix que se résoudre à passer par le marché de change parallèle (au taux 50% plus élevé) pour financer les études à l’étranger. Pourtant, le pays aurait beaucoup à gagner en permettant aux étudiants de financer légalement leurs études à l’étranger. Cela offrirait la possibilité pour l’Algérie d’acquérir dans les universités étrangères des compétences introuvables dans les universités algériennes, dont le statut continue de faire peine à voir.

Accès libre aux devises

Le même exemple s’applique aux soins à l’étranger. Là encore, la Banque d’Algérie n’autorise aucun transfert. De même qu’elle n’autorise pas de transfert pour des formations.

Le plus grave est que dans le même temps, il suffit d’un registre de commerce pour transférer des devises sans aucune limitation. Parfois pour importer des gadgets inutiles ou des produits cancérigènes de Chine et d’autres pays d’Asie. On connaît aussi les nombreux abus commis par les importateurs qui transfèrent illégalement d’importantes sommes en devises.

Cette situation crée, de fait, deux catégories d’Algériens. Ceux qui ont un accès libre aux devises et les autres. Un jour, peut-être, des avocats se pencheront sur cette anomalie qui est en réalité anticonstitutionnelle car créant de fait une ségrégation entre Algériens.


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