VIDEO. Les messages brouillés de Sellal

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Le Premier ministre Abdelmalek Sellal a choisi la chaine de télévision publique pour revenir sur les deux questions phares de l’actualité nationale :  la chute des prix du pétrole et l’exploitation du gaz de schiste. Pendant 45 minutes, Sellal a tenté de convaincre, de lever les équivoques mais surtout de rassurer. Devant un parterre de journalistes  quasiment acquis, Sellal a beaucoup parlé. Un discours sans aucune nouveauté, sans aucune décision forte pour le pays. Pourquoi a-t-il décidé  alors de rompre le silence ?

Gaz de schiste : pas de recul

Le Premier ministre était surtout attendu sur le dossier du gaz de schiste.  Sur ce point, il a laissé entendre que le gouvernement n’avait  aucune intention de revenir sur son projet « même si l’exploitation n’est pas à l’ordre du jour ». En fait pour comprendre, Sellal qui se dit pourtant ouvert au dialogue, a  laissé savoir que le gouvernement va poursuivre l’application à la lettre du programme préalablement tracé concernant ce projet.

«Nous allons poursuivre les expérimentations dans deux puits. Après, nous allons arrêter et effectuer des études pendant 4 ans», précise Sellal. La phase d’exploitation n’est pas prévue, selon lui, avant 2022. Autrement dit, les manifestants de In Salah n’ont qu’à rentrer chez eux.  A quoi servira alors le dialogue avec la population à partir du moment où le gouvernement maintient les échéances fixées pour l’exploitation du gaz de schiste ? D’autant plus qu’il semble convaincu et même persuadé, avant les résultats de l’expérimentation,  que le recours au gaz de schiste est inévitable.

«Nos efforts vont à l’exploitation des hydrocarbures conventionnels. Mais nous pensons aux futures générations », lance-t-il.

Qui croire ?

Le deuxième message de Sellal va à l’ensemble des algériens. Austérité, sans retour sur les engagements sociaux de l’Etat ». Les programmes de logement, de santé, d’éducation seront maintenus, a déclaré Sellal. Le recrutement dans la fonction publique, dans les secteurs stratégiques ne sera pas touché. Les subventions seront maintenues. Idem pour le programme de développement. En somme, rien ne va vraisemblablement changer dans un pays qui vit grâce à la rente pétrolière.

Le Premier ministre va plus loin en assurant que le gouvernement va réduire au maximum  le recours aux  réserves de change, présentées comme «un gage de souveraineté nationale». Comment compte-t-il faire pour résoudre  cette équation tout de même compliquée ? Sachant que selon le même responsable, les prix du baril ne vont pas remonter au-dessus de 80 dollars avant 2019.

La question est de savoir où trouver l’argent pour maintenir les subventions, poursuivre les programmes de développement, etc ? Les solutions de Sellal sont : « diversifier l’économie nationale, contrôler les importations, encourager les entreprises publiques et privées, rationaliser les importations, le développement du marché financier». En somme, Sellal promet de faire en quelques mois ce que l’Algérie a échoué à faire en 50 ans.

Doit-on croire Sellal ?  Pas plus tard qu’hier le ministre des Finances avait déclaré que « le citoyen paiera ce qu’il doit payer dans un hôpital public en contrepartie de ses soins) ou bien son loyer pour le logement public». En fait,  Mohamed Djellab dit tout haut ce que Sellal devait penser si bas. Le Premier ministre fidèle à sa tradition, a voulu  satisfaire tous les Algériens, mais son intervention a renforcé le doute chez beaucoup d’entre eux.

Sellal découvre l’Algérie

Dans son intervention, Sellal a fait état de l’ampleur de la fraude à l’importation, de transferts illicites de devises, de surfacturations, des difficultés rencontrées par les chefs d’entreprises, des contestations dans le Sud, et de la forte dépendance de l’économie nationale aux hydrocarbures. En même temps, il s’est engagé à lutter contre les trafics et à aider les entreprises algériennes à produire davantage, à exporter et même à investir à l’étranger. Comme si le Premier ministre ne connaissait pas la réalité de l’économie algérienne et la découvrait pour la première fois alors qu’il est en poste depuis septembre 2012. Mieux, Sellal a fait partie de tous les gouvernements de Bouteflika depuis 1999.


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